LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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solu de frapper celui « dont venait tout le mal ». Dans les
premiers jours de janvier 1852, Reschid-pacha fut desti–
tué. Mais par un de ces retours de fortune dont il avait le
secret, le ministre tombé s'était bientôt resaisi du pouvoir,
d'abord comme président du conseil d'État, puis comme
grand vizir.
Ce fut alors Abdul-Medjid que le sentiment populaire
désigna comme la victime expiatoire des malheurs publics.
L'instabilité de ses volontés qui déroutait toutes prévisions,
avait singulièrement indisposé la classe intelligente qui lui
reprochait de faire et de défaire les ministres, sans réussir
à constituer un ministère. On songeait à se débarrasser
d'un souverain aussi versatile de caractère, aussi peu
maître de lui et de son entourage ou du moins on faisait
des vœux pour l'avènement d'un successeur qui n'était
autre qu'Abdul-Aziz, son frère, le second fils du Sultan
Mahmoud.
Encouragé par la désaffection générale, le fanatisme se
montrait de diverses parts, annonçant le retour aux an–
ciennes et saines traditions de l'Islam. Le
Tanzimât
était
le fléau dont il fallait débarrasser l'Empire : les Turcs
devaient reprendre vis-à-vis des chrétiens le rôle de
maître dont le Hatti-Chérif de
Gulkané
les avait déclarés
déchus.
Fonds A.R.A.M