INTRODUCTION.
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historique marquant une direction nouvelle, sinon dans les
idées du peuple turc, du moins dans celles de son gouver–
nement.
Autre, et assurément plus complexe, est la leçon toute
pratique qui résulte de l'étude de la Réforme observée en
elle-même, dans son ensemble, comme dans ses parties
organiques. Après en avoir suivi les développements suc–
cessifs (elle compte déjà plus d'un demi-siècle d'épreuves),
peut-on dire qu'elle ait réussi? A-t-elle du moins réalisé
les premiers progrès dont son avènement semblait le gage
aux yeux de ses initiateurs et de ses bienveillants témoins ?
Il convient ici de se représenter dans Ses données prin–
cipales le problème que la Turquie avait à résoudre à ce
moment décisif de son histoire.
Le
Tanzimât
avait pour but général de rapprocher la
société musulmane des sociétés chrétiennes dont elle était
moralement et politiquement séparée depuis des siècles et
il ne pouvait exister aucun doute sur la nature particulière
des difficultés qu'offrait une pareille entreprise. La religion
étaîti de toute évidence, la vraie cause de l'isolement qui
laissait encore l'Empire des Osmanlis au point où l'avait
trouvé le moyen-âge et dans lequel, s'affaissant de jour en
jour, i l devait s'ensevelir.
En effet, le mahométisme qui avait fondé l'État, eh était
resté le régulateur souverain et absolu, de telle sorte que
le Coran et le Code civil ne faisaient qu'un et que l'orga–
nisme national s'identifiant avec le dogme, avait inévita-
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