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LA TURQUIE ET LE TANZ1MAT.
ministration au moyen desquels se maintient l'équilibre
entre les recettes et les dépenses.
La presque totalité des espèces métaliques connues sous
le nom de
Bechliks
avaient une valeur intrinsèque de
deux cinquièmes de leur valeur nominale. Mis en présence
du numéraire européen par suite des opérations du com–
merce, le numéraire turc subissait une dépréciation con–
stante et progressive ; le change était en voie de hausse
permanente, c'est-à-dire, qu'il fallait chaque jour un nom–
bre plus considérable de piastres pour obtenir une livre
sterling ou toute autre monnaie étrangère.
Ce mouvement ascendant eut été plus rapide et le niveau
se serait promptement établi, à chaque altération de mon–
naie, si à l'action des valeurs européennes le gouvernement
ottoman n'avait opposé son autorité en donnant un cours
forcé à ses espèces métaliques et en persistant à les rece–
voir à leur taux nominal. Ces deux forces se neutralisaient
en partie ; mais la vérité l'emportant sur le mensonge, le
change s'élevait toujours ou, ce qui revient au même, la
fortune publique baissait incessamment.
C'est à l'influence de cette baisse désastreuse que l'on
devait surtout attribuer l'état de décadence matérielle de
l'Empire. Liée en effet par des capitulations et privée d'in–
dustries indigènes, la Turquie subissait l'importation de
toutes les matières manufacturées; elle donnait en échange
ses produits agricoles représentés par une monnaie infé–
rieure qui en perdant progressivement de sa valeur con–
venue, réduisait dans une proportion égale la somme des
ressources du pays.
Que dire de la gestion financière avec de pareils errements ?
Dans l'impuissance de trouver des agents assez honnêtes
Fonds A.R.A.M