96
LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
l'homme de la réforme, donna cependant lieu au bruit de
sa retraite prochaine, comme si l'opinion publique asso–
ciait les deux ministres dans la ! disgrâce et dans les faveurs.
Reschid toutefois se maintint, mais non sans se croire tenu
à une certaine modération qui devait, pour ainsi dire,
excuser son triomphe et ménager l'avenir.
Dans le domaine de la politique extérieure, aucun pro–
blème urgent ne s'imposait à l'attention de la Porte ou du
moins la Turquie, après les émouvantes péripéties d'une
année révolutionnaire, jouissait ostensiblement d'une sécu–
rité qui devait être bien venue des amis de la réforme. L'on
ne soupçonnait point dans cette quiétude passagère les
dangers qui pourraient naître un jour d'un différend
d'origine ancienne qui, en suscitant de nouvelles rivalités
entre les deux grandes églises chrétiennes d'Orient, de–
vait mettre à nu l'antagonisme de la France catholique et
de la Russie orthodoxe.
La question des Lieux Saints qui venait de surgir, ren–
fermait le germe d'une guerre européenne qui pouvait
décider des destinées finales de l'Empire ottoman.
La France, je dois le rappeler en peu de mots, avait
acquis de longue date et surtout à partir du XVII
e
siècle (1),
un droit exclusif de possession des monuments sacrés de
Jérusalem et ce droit avait été expressément confirmé et
même élargi par une capitulation de l'année 1740 qui au–
torisait « les sujets des nations ennemies à aller et venir
librement, à trafiquer et à visiter les Lieux Saints, pourvu
que ce fut sous la bannière de l'Empereur de France. »
(!)
Firinan donné au palais de Daoud-pacha au mois de Djemadi-
el-Akbez 1030 (1620).
Fonds A.R.A.M