L'interrogatoire
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Le président:
En dehors de ces études de langues, faisiez-vous des études de
mécanique ?
L'accusé:
Non, je me suis surtout occupé de langues.
Le président:
Quels journaux lisiez-vous?
L'accusé:
J'ai trouvé des journaux arméniens chez mes compatriotes et je les
lisais.
Le président:
A part cela, pas de journaux étrangers?
L'accusé:
Une ou deux fois des journaux russes.
Le président:
Revenons au mois de mars. Vous étiez chez Mme Dittmann.
Vous entendiez-vous bien avec Mme Stellbaum, votre logeuse précé–
dente?
L'accusé:
Je m'entendais très bien avec elle.
Le président:
Vous êtes-vous senti à l'aise chez Mme Dittmann?
L'accusé:
Oui.
Le président:
Comment en êtes-vous venu au crime?
L'accusé:
Parce que ma mère me l'a ordonné. J'y réfléchissais, quand je vis
Talaat le 15 mars...
Le président:
Où l'avez-vous vu?
L'accusé:
Je lisais dans ma chambre et me promenais de long en large
quand Talaat est sorti.
Le président:
Vous avez vu sortir Talaat?
L'accusé:
D'abord, je l'ai vu sur le balcon de sa maison, puis il est sorti. A ce
moment, le souvenir de ma mère m'est revenu, je l'ai vue devant
moi, puis c'est l'homme qui était responsable du meurtre de mes
parents, de mes frères et sœurs, qui s'est dressé devant moi.
Le président:
Vous avez vu vos proches en esprit et pensiez que Talaat
Pacha était responsable du sang versé, non seulement de vos parents
mais aussi de vos compatriotes. Saviez-vous que Talaat Pacha allait
sortir ?
L'accusé:
Non.
Le président:
Qu'avez-vous fait alors?
L'accusé:
Au moment où il est sorti, j ' a i pris mon revolver, j ' a i couru derrière
lui et je l'ai tué.
Fonds A.R.A.M