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Le Procès de Tehlirian
ment de Constantinople. I l n'est pas davantage fondé d'affirmer que Talaat
Pacha porte personnellement la responsabilité morale des crimes qui lui sont
imputés. »
(
Berliner Lokal-Anzeiger. 3
juin
1921)
«...
De même, la condamnation à mort prononcée contre Talaat Pacha à
Constantinople sous la domination de l'Entente ne prouve rien, car aucune
garantie ne nous permet d'affirmer qu'on y ait cherché la vérité objective.»
(
Kôlnische Zeitung. 3
juin
1921)
La mort de Talaat fut un deuil pour la Turquie. Le lendemain, les jour–
naux d'Ankara et de Constantinople parurent tous encadrés de noir. La presse
européenne, excepté celle d'Allemagne, n'eut pas un mot pour plaindre la vic–
time. Le 16 mars 1921, c'est-à-dire le lendemain de l'assassinat de Talaat
Pacha,
le Figaro
publiait à la première page un assez long article :
«...
Talaat Pacha, qui auprès de son ami et complice Enver, joua un rôle pré–
pondérant dans la politique ottamane de ces dix dernières années était en
1908
un petit employé des postes de Salonique...
Durant la guerre, commis à tout faire de l'Allemagne, il fut élevé au grand
Viziriat.
Le
14
octobre
1918,
quand Franchet d'Esperey, ébranlant le front de
Macédoine, puis l'enfonçant sonna le glas des armées turques, le ministère
qu'il présidait dut se démettre.
Le
14
novembre, un mois plus tard, devant la menace populaire qui gron–
dait, il prit la fuite, se réfugia d'abord en Suisse, puis en Hollande d'où
menacé d'extradition, il passa en Allemagne.
C'est là que ce tyran de petite envergure, mais d'ambitions démesurées,
est venu expirer par le geste vengeur d'un opprimé. »
Le 17 mars, le quotidien
la Meuse,
sous le titre: «Un Turc pro-boche
assassiné en Allemagne» utilisa une formule dont le laconisme est plus signifi–
catif que de longs discours:
«...
Après l'aventure du
Coeben
et du
Breslau,
Talaat et ses amis jetèrent la
Turquie dans la guerre. A la paix, ils furent réclamés par les Alliés pour être
jugés, et une cour martiale les condamna par défaut. Le meurtrier vient d'exé–
cuter la sentence. »
Dès le
19
mars,
«
L'ami du peuple de la Hesse»
portait un jugement sévère et acca–
blant sur Talaat et son gouvernement:
Les attentats se succèdent et complètent la singulière image que l'Europe offre
à l'Humanité... Hier, c'était le ministre-président d'Espagne qui succombait à
un attentat, aujourd'hui, c'est l'ancien grand Vizir de l'empire ottoman.
Talaat Pacha porte la lourde responsabilité des atrocités commises en Armé–
nie
Les torrents de sang qui ont coulé en Arménie durant la guerre ne furent con–
nus en Allemagne qu'après la guerre. La raison d'état ne permettait pas alors
qu'on en parlât en Allemagne.
Fonds A.R.A.M