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coulent dans des vallées fertiles, et ces terres étaient pour la
f
dupart abandonnées quand, au cours des siècles, peu à peu,
es Arméniens sont venus mettre en valeur beaucoup d'entre
elles.
Dans la vallée maîtresse, les terres arables ne suivent pas
servilement les rives du lleuve; elles se présentent par îlots de
dimensions très variables et forment un véritable chapelet
d'oasis dont les grains passent d'une rive à l'autre, suivant les
caprices du courant. Ailleurs, le fleuve, coulant en rapides,
traverse de profonds défdés, parfois bordés de hautes falaises.
L'une de ces gorges, celle de Kémagh-Boghaz
vient
d'acquérir, en ces derniers temps, une bien triste renommée.
C'est auprès de ses précipices que par ordre de leurs maîtres
de Stamboul, les Turcs et les Kurdes ont massacré des milliers
de femmes, d'enfants et de vieillards arméniens, multitude
inoffensive chassée des villes et des villages, poussée par trou–
peaux vers ces rochers qui devaient être les témoins de leur
martyre. Beaucoup de ces infortunés, n'attendant pas le sort
que leur réservaient leurs bourreaux, ont trouvé dans les eaux
bouillonnantes de PEnphrate un terme à leurs souffrances.
L'Euphrate n'est pas navigable dans toute la partie supé–
rieure de son cours, aussi bien dans sa branche occidentale
que dans celle de l'Orient (
2
).
C'est seulement à partir de
Birédjik, ou mieux de Meskéneh ('), qu'il est apte à porter des
barques. En amont de cette localité, ses eaux torrentueuses
coulent dans un lit encombré de rochers et semé de cascades
et de rapides.
De coutume, les embarcations parties de Meskéneh descen–
dent le fleuve en dérive, non sans difficultés d'ailleurs, et
s'arrêtent à Féloudja (
4
),
petit village proche de Bagdad ; le
courant de l'Euphrate est si violent qu'aucun bateau ne peut
le remonter. Parvenues à Féloudja, ces embarcations déchar–
gent leurs marchandises, puis elles sont démontées, et le bois
dont elles étaient construites, transporté à dos de chameau
jusqu'à la capitale des khalifes, est mis en vente. Quant à
l'équipage, en vingt ou vingt-cinq jours de voyage, i l regagne
par terre son pays.
Sur le Tigre moyen, la navigation, toujours uniquement à la
descente, se fait au moyen de kéleks, radeaux composés d'un
plancher établi par une claie de branchages et supporté par
(
i ) Alt.
1.070
mètres à 4° kilomètres
en aval d'Erzindjan dont l'altitude est
de i.3oo mètres environ.
(
a) Le confluent des deux Eupliratc
(
Alt.
700
m.) est situé à 35 kilomètres
au sud-est d Arabkir et à 4o kilomètres
à l'ouest de Kharpout.
(3)
Localité située sur la rive gauche
du fleuve, à
60
kilomètres à l'ouest
d'Alep.
(4)
A
60
kilomètres à l'ouest de
Bagdad.
CHAP.
1
Fonds A.R.A.M