des outres gonflées. Ce moyen de transport est aussi ancien
que l'histoire dans ces pays, et l'on en retrouve l'image sur les
sculptures assyriennes. I l est en usage entre Diarbékir et
Bagdad, car c'est seulement à partir de Samara ou d'Eski-
Bagdad, points voisins de la ville d'Hàroun-al-Raschid que
peuvent circuler sur le Tigre, à la montée comme à la descente,
les barques et les bateaux à vapeur d'un faible tirant d'eau.
Comme on le voit, les fleuves qui descendent du plateau
d'Erzeroum ne pouvaient, en aucun cas, être d'usage, pour les
Arméniens, dans leur expansion politique ou commerciale vers
le sud et le sud-ouest; mais ce fait n'est pas seulement d'im–
portance en ce qui regarde le développement des relations du
peuple arménien; il est capital, par le rôle qu'il a joué dans
l'histoire de l'Asie Antérieure, d'abord en retardant l'essor vers
l'Occident de la civilisation chaldéenne, puis, à partir des
temps où le foyer du progrès s'est transporté dans les pays
méditerranéens, en ne laissant aux contrées des deux fleuves
que des débouchés sur l'Orient, c'est-à-dire sur des régions
encore plongées dans la barbarie.
Quand Julien le Philosophe, parti d'Antioche à la tête de
son armée, marcha contre les Perses, il s'achemina vers Ktési-
phon, en suivant la rive gauche de l'Euphrate, tandis que les
vaisseaux chargés des approvisionnements de ses troupes
descendaient le fleuve au fil de l'eau, et, lorsqu'il fut parvenu
devant la capitale de Sapor, sachant qu'aucun de ses navires
ne pouvait revoir la Syrie, il incendia sa flotte. Le retour des
légions, après la mort de l'Empereur, fut un véritable désastre.
Quand le roi Ghosroes s'avança vers les provinces romaines
de la Syrie, contre Antioche ou Jérusalem, c'est par terre qu'il
opéra sa marche et ses transports, et ilcn fut toujours de même
chaque fois (pie les Asiatiques se sont avancés à la conquête de
la Phénicie et de l'Egypte. L'avantage de la position semble
donc avoir été pour les occupants de la Ccelésyrie ; mais
c'était encore là privilège bien précaire, car les quarante jours
de marche, pour le moins ('), qui séparent Antioche de Ktési-
phon, opposaient, dans ces déserts tantôt brûlants, tantôt gla–
cés, des obstacles bien difficiles à surmonter, soit pour les
armées en marche, soit pour les caravanes commerciales; et
ce sont ces difficultés qui ont arrêté tous les peuples du Nord
dans leur désir d'acquérir des pays au climat plus doux. Les
Arméniens, suivant en cela la loi générale, se sont arrêtés à la
hauteur du Tigre moyen, et ce n'est qu'occasionnellement,
lors des conquêtes de Tigrane le Grand, qu'ils se sont avancés
jusqu'aux limites septentrionales du Sindjar. Les malheureux
qui, aujourd'hui, souffrent de la soif dans le désert, vers Deïr-
(
i ) Environ
1.000
kilomètres.
CHAI', i
Fonds A.R.A.M