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a laissé le récit de la fondation de ïhéodosiopolis (Erzeroum)
ainsi que la description du site choisi par les Romains :
Le
général Anatole, ayant reçu l'ordre impérial, vient dans
notre pays; il traverse beaucoup de nos provinces et veut cons–
truire dans le canton de Karin ('), comme étant le centre du
pays,
une
ville sur
un
terrain productif, fertile et riche
en
eau.
Comme centre du pays, ce lieu n'est pas très éloigné de l'en–
droit où jaillissent les sources d'une partie de VEuphrate, qui
dans leur cours paisible se grossissent comme un vaste marais
ou une mer (
2
). //
y avait une grande quantité de poissons et
une grande variété d'oiseaux, et les habitants se nourrissaient
exclusivement de leurs œufs. Sur les bords de ce marais on
trouve quantité de joncs et de roseaux. Les plaines produisent
des herbes et des fruits à semence. Les montagnes sont remplies
d'animaux au pied fourchu et ruminants.
Les
troupeaux se
multiplient, sont de grande espèce et très forts et
s
'
engraissent
merveilleusement.
Au pied de cette agréable montagne (
3
)
on trouve quantité
de sources limpides. C'est cet endroit qu'Anatole choisit pour
fonder la ville; il l'entoura d'un large fossé, jeta les fondations
des murailles à une grande profondeur, et il éleva sur les
remparts des tours hautes et formidables, dont la première
fut nommée Théodosie, en l'honneur de Théodose. Plus loin, il
construisit d'autres tours pointues en forme de proues de
navires et creusa des passages en face de la montagne. Il fit la
même chose sur le côté de la plaine qui regarde le nord ; et
du côté de Test, ainsi que du côté de l'ouest, il construisit des
tours de forme circulaire. Au milieu de la ville, sur une émi-
nence, il bâtit de nombreux magasins, et il appela cet endroit
Augusteum, en l'honneur d'Auguste (Théodose). Il amena les
eaux sur différents points par des canaux souterrains. Il
remplit d'armes et de troupes la ville et lui donna le nom de
Théodosiopolis,
afin
que le nom de la cité immortalisât celui de
Théodose. Enfin, Anatole éleva des édifices en pierre de taille
sur les sources thermales (
4
).
Les guerres perpétuelles que le peuple arménien eut à sou–
tenir pour la sauvegarde de son indépendance, se joignant à
l'àpreté du climat de sa patrie, firent de ces hommes une race de
guerriers vigoureux, endurcis et braves, qui s'allacha d'autant
plus fortement à sa terre et à sa liberté nationale, que la
conservation de son bien lui coûtait plus de sang. C'est dans
(
i ) Garanilis de Pline.
(
a) Sazlouk des Turcs, c'est-à-dire
endroit
('.
es
roseaux.
(3)
Top-daçjh « Montagne du canon »
des Turcs; sourp-khatch « la sainte croix »
des Arméniens.
(4)
Cf. PHOCOPE,
De Aedif.,
t. 111, p. 5.
Karin des Arméniens,
Ki
-
zeroum ou
Arzroum des Turcs (Arz-Roum ou Arz-
er-Roum, « la citadelle des Grecs »).
CHAP »
Fonds A.R.A.M