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années l'édition avait été épuisée. Elle est depuis long–
temps introuvable, sinon inconnue.
Et voici que M. Khayadjian en ressuscitait la genèse.
Son patient travail de dépouillement et d'analyses — en
référence avec l'ouvrage même dont i l a la chance de déte–
nir un rarissime exemplaire — lui a permis d'éclaircir pas à
pas, non seulement le jeu des circonstances qui ont conduit
Jacques de Morgan à accepter de le rédiger, mais aussi le
considérable labeur de documentation auquel i l s'est livré
avec l'aide décisive de Tchobanian. On voit naître, ce fai–
sant, le cheminement d'une amitié qui, jointe à une récipro–
que estime, a rapidement uni les deux hommes.
M. Khayadjian se vit décerner, à l'unanimité du jury
académique, le Prix Jacques de Morgan qui lui fut remis au
cours de la dernière séance publique de 1979.
On aurait pu s'en tenir là et l'histoire serait assez belle.
Mais, dans son élan, le lauréat a décidé de consacrer le
montant de son prix à la réédition de la précieuse Histoire,
dans l'intégralité de son édition de 1919, augmentée de sa
propre contribution sur la genèse de l'œuvre.
Mais i l m'échoit d'y présenter un nouvel addendum: rap–
peler ce que fut l'auteur lui-même, ce Jacques, Jean, Marie
de Morgan, né le 3 Juin 1857 à Huisseau sur Cosson près de
Blois, en pays de Loire et décédé à Marseille, le 12 Juin
1924
dans sa 68
è m e
année.
Taine, dans sa critique littéraire a fortement souligné
quelle influence prépondérante, à ses yeux, exerce sur une
œuvre, le milieu dans lequel a vécu son auteur. Pour Jac–
ques de Morgan, cette influence paraît évidente: s'il a, au
cours de sa vie, magnifié et approfondi sa vocation, i l en a
trouvé dans sa famille même, les germes les plus efficaces,
le goût, la passion de la découverte et de l'archéologie. Son
père, Eugène de Morgan était un chercheur érudit qui ne
dédaignait pas d'associer ses fils à ses travaux.
A 10 ans, l'âge où les enfants jouent encore, le petit
Jacques é t a i t déjà un connaisseur en numismatique
romaine et française. A 15 ans i l avait déjà «visité tout le
Nord de la France, l'Angleterre, l'Ecosse, l'Irlande» ... et i l
allait avec son père creuser le sol de la Somme à la recher–
che de tombes franques ou, près de Campigné, en Seine
Inférieure, étudier un site paléolithique dont Eugène de
Morgan était «l'inventeur».
PREFACE
Fonds A.R.A.M