V I *
toire, mène de persévérantes recherches pour en retrouver
la trace. I l a cherché en France dans les communau t é s
arméniennes; à Venise où les Pères Mekhitaristes ont cons–
titué, depuis des siècles dans leur monas t è r e de San Laz-
zaro, un remarquable foyer spirituel et intellectuel; en
Arménie soviétique où, chercheur objectif, i l a pu avoir
accès aux archives.
Au cours de ces investigations i l tombe sur une véritable
mine d'inédits: la volumineuse correspondance d'un
fameux intellectuel et patriote arménien Archag Tchoba-
nian, avec des écrivains, des poètes, des personnalités
françaises, parmi lesquels Frédéric Mistral... et Jacques de
Morgan.
Avec ce dernier, c'est précisément la période — 1916-
1919 —
où l'idée de composer et de publier une «Histoire
du peuple arménien, depuis les temps les plus reculés de
ses annales jusqu'à nos jours» se concrétise et se réalise.
Cette Histoire — la plus complète et, pratiquement, la
seule — a donc été écrite par le Français qui connaissait le
mieux l'Arménie et l'Orient avec la collaboration étroite
d'un des Arméniens les plus représentatifs. Ce travail d'une
extrême rigueur documentaire dura près de deux ans, sans
interruption, deux ans pendant lesquels la guerre faisait
rage aussi bien en France que sur le front de l'Orient, des
Dardanelles à la Perse.
La composition et l'impression de l'ouvrage ont connu
les vicissitudes de la situation et, c'est finalement au début
de 1919 qu'il sortit des presses d'une imprimerie de Nancy
libérée.
Dans l'esprit de ses auteurs et inspirateurs, l'Histoire du
peuple arménien devait servir un triple but: informer et
sensibiliser l'opinion publique française et internationale;
mieux faire comprendre et justifier les motifs des Armé–
niens à réclamer le droit des peuples à disposer d'eux
même et à retrouver une nation indépendante; inciter, de
ce fait, les hommes d'Etat — qui s'y étaient, d'ailleurs,
engagés —à inscrire dans les traités de paix la satisfaction
de cette revendication.
On sait, malheureusement, comment ces promesses
furent totalement oubliées.
Cependant l'Histoire de Jacques de Morgan demeure,
comme un monument perdu dans la jungle. En quelques
PREFACE
Fonds A.R.A.M