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exposées aux violences des tempêtes, ou quand on traverse les
steppes du sud de la Itussie.
Ailleurs, soit en territoire persan, soit sur le sol russe, les
hauteurs sont couvertes de forêts : dans le Qata-dagh oriental,
entre autres, où habitent des colonies arméniennes ; mais,
dans ces pays aussi, les cultures, concentrées dans les vallons,
sont celles des pays froids. La vigne croît mal à ces altitudes
et ne supporte les grandes gelées hivernales qu'à la condition
d'être, comme partout d'ailleurs sur le plateau de l'Iran,
enfouie sous terre, pendant quatre ou cinq mois de l'année,
(«
race à la présence des forêts qui retiennent l'humidité, les
sources abondent. Un petit district situé à l'orient du lac de
Sévan porte le nom de lvirk-boulaq, « les quarante sources »,
en raison des nombreux ruisseaux qui, sortant de ses mon–
tagnes, vont porter au Gheuk-lcfaaï leurs eaux limpides ; et
cette appellation serait justifiée pour bien des cantons du
Qara-dagh, de la région de Kars, de celle du Djorokh et d'un
grand nombre d'autres districts de l'Arménie.
Mais le Qara-bagh, chaos de montagnes boisées, de cimes
abruptes, de plateaux découverts, fertiles seulement dans les
vallées, est un pays de ressources très limitées et dans lequel
la population ne peut s'accroître au delà des bornes qui lui
sont imposées par la faible quantité disponible des terres cul–
tivables. Quelques auteurs cependant, travaillant à coup sûr
dans leur atlas, ont voulu voir dans ce massif le pays d'origine
de la race aryenne tout entière. Cette hypothèse ne peut se
soutenir, non seulement parce qu'au Oara-bagh l'espace
manque pour le développement d'une famille humaine de cette
importance, mais aussi parce que toutes les données fournies
par la linguistique, l'histoire et l'archéologie lui sont con–
traires (').
Nous verrons dans le prochain chapitre qu'avant l'arrivée
des Arméniens et des Tartares dans ces montagnes, les
peuples qui les habitaient appartenaient fort probablement à
un groupe ethnique non sémite et anaryen, voisin de la famille
karthwélienne, c'est-à-dire des Géorgiens, Mingréliens, Lazes
et autres Caucasiens de vieille souche, qu'il en était de même
pour la grande majorité des nations du nord de l'Asie anté–
rieure; que les Ourartiens, les peuples du Naïri, les tribus qui
ont précédé les Iraniens dans l'Atropalène, faisaient vraisem–
blablement partie d'un même groupe ethnique. Ceux de ces
peuples qui n'ont pas été absorbés par les conquérants sé–
mites de l'Assyrie, les Mèdes ou les Arméniens, se sont con–
centrés dans les vallées et les montagnes du Cyrus, du Phase
(
i ) Dans les
Premières Civilisations
ressanle question avec tous les dévelop-
(
p. 58 sq.) en
1909,
j'ai discuté cette inté-
pements qu'elle comporte.
CHAP.
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Fonds A.R.A.M