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trent habiles à tirer l'arc ; d'autres, avec des poignards, à la
façon des gladiateurs, lancent, dans les pentes ardues, des
troupes énormes de sangliers et les tuent. Quelques-uns des /ils
des satrapes, avec leurs gouverneurs et leurs familiers, chas–
sent à l'épervier diverses espèces d'oiseaux, afin d'augmenter,
au retour, la joie du festin ; et ainsi chacun chargé de sa
chasse retourne joyeux. Les enfants des pêcheurs, prenant du
poisson et nageant dans l'eau, attendent l'arrivée de la no–
blesse, selon la coutume, et, courant au-devant d'elle, lui font
présent des poissons pêches, de diverses espèces d'oiseaux sau–
vages et des <enfs (trouvés) dans les îles de la rivière. Les sa–
trapes, agréant avec plaisir une partie de leurs présents, leur
offrent, eux aussi, des produits de chasse considérables. De
cette manière, tous, comblés de biens, retournent à leurs
demeures. Il est curieux de voir aux repas de chaque maison
(
les produits) des chasses entassés en monceaux, ce qui réjouit
ceux qui aiment le poisson et la viande.
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d'Erivan, le cours de l'Araxe s'inflé-
Qara-dagh.
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chit vers le sud-est et coupe le bord méridional du massif
montagneux dont le lac de Sévan occupe le centre. Le fleuve
passe alors dans des gorges très resserrées, laissant sur sa
gauche le Qara-bagh, ou jardin noir, situé en territoire russe, et
sur sa droite le Qara-dagh (la montagne noire), qui appar–
tient à la Perse. C'est dans cette région que s'élevait, avant
notre ère, la ville de Naxuana.
Vers Djoulfa, station frontière de la voie ferrée qui, depuis
quelques années, met en communication Tiflis avec Tabriz,
la vallée présente encore une largeur de plusieurs milliers
de pas; mais, en aval, elle se rétrécit peu à peu, pour se
réduire bientôt au seul lit du fleuve qui, le plus souvent, coule
bordé de falaises et fréquemment est étranglé par de hautes
montagnes. Çà et là, des torrents descendant des pentes
abruptes forment dans la vallée principale de petits deltas
alluviaux où, bien abritée contre le vent, se développe la plus
luxuriante des végétations. Le blé croît dans ces défilés avec
une surprenante vigueur, la vigne enlace de ses pampres les
arbres les plus élevés, gagne la cime des noyers au tronc
monstrueux, et se répand en guirlandes géantes, au-dessus de
fourrés impénétrables plusieurs fois séculaires. Les villages
disparaissent sous la verdure, enfouis qu'ils sont dans de véri–
tables forêts d'arbres fruitiers : vergers incomparables où se
pressent pêchers, pruniers, abricotiers, figuiers, grenadiers,
pommiers et poiriers, où les habitants font d'abondantes
récoltes, sèchent les fruits aux ardeurs du soleil, pour les
exporter, à grand'peine d'ailleurs, vers les villes de l'Azerbaï-
djan ou de la Transcaucasie.
C H A P .
I
Fonds A.R.A.M