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entre 4-ooo et 5.ooo mètres, mais tous ces pics sont encadrés
de montagnes très élevées ; aussi disparaissent-ils dans l'en–
semble de cette gigantesque muraille, et n'ont-ils point attiré
les regards des populations primitives : leZagros(') qui domine
Bagdad, le Zera è Kouh (
2
)
dont les neiges se voient de toute
la Susiane, n'ont pas joué, dans les imaginations, le rôle qui
leur était dû. Seul, dans les pays des anciennes civilisations,
le Démavend, la « montagne des génies », peut entrer en
comparaison avec l'Ararat, quant à l'impression qu'il produit
sur le voyageur. Mais bien que ce pic dépasse de
1.000
mètres
environ la hauteur du volcan de l'Arménie, son aspect frappe
moins fortement les esprits, parce qu'il se dresse au milieu de
l'Elbourz, chaîne plus élevée que celle des Alpes. L'Ararat lui-
même vu du sud, de Khoï ou de Bayazid, ne cause pas ce senti–
ment de grandeur qu'on éprouve en le contemplant d'Erivan
ou de Vagharchapat (
3
).
L'Ararat s'élève au centre de la Grande Arménie ; i l
domine à l'est la région du lac d'Ourmiah (*), l'Atropatène des
anciens (
s
),
au sud, celle du lac de Van (
6
),
l'Ourarlou
("),
à
l'ouest et au sud-ouest les pays des sources du Tigre, de I'Eu-
E
hrale et de l'Araxe, fleuves dont les noms sont liés à celui du
erceau de l'humanité. Le Masis règne sur ces contrées
célèbres, comme le Kazbek domine les deux versants de la
grande muraille caucasienne, comme le Démavend étend sa
vue sur la mer Caspienne et le domaine des Iraniens, comme
les grandes cimes de l'Himalaya se dressent en souveraines
entre les plateaux glacés du Tibet et les plaines luxuriantes
de l'Inde.
Dans tous les pays, l'aspect des montagnes géantes a
toujours éveillé dans l'âme des peuples des sentiments mys–
tiques, et de même que le Fousi-Ama est sacré pour les Japo–
nais, de même que le mont Olympe est devenu le séjour des
divinités helléniques, de nos jours encore, l'Ararat est un
objet de vénération pour les chrétiens comme pour les musul–
mans. Ce volcan fut sans doute un dieu pour les peuples qui
vivaient abrités par son ombre, avant la venue de l'Arménien
Haïk dans ces parages (
8
).
(
i ) Delahô Kouh au Kurdistan méri–
dional.
fal Au pays des Bakthyaris.
(3)
Etchiniadzin, ville fondée, bâtie
par le roi Valarsace (V'ayharchak).
1
4)
Alt.
1.220
mètres.
5)
L'Azerbaid.an.
61
Alt. i.65o mètres.
7)
L'Ararat de la Bible est le même
nom qu'Ourarlsa en assyrien.
(8)
Près des gisements naturels de verre
volcanique qui se trouvent à la base de
l'Alagheuz, j'ai rencontré des stations
d'obsidienne taillée que l'on doit attribuer
à l'industrie néolithique. Quelques instru–
ments semblent cependant appartenir à
la fin de la période quaternaire (Magda–
lénien); ce sont la les traces les plus
anciennes de l'homme dans cette région
qui, couverte de neiges aux temps gla–
ciaires, de même que le plateau iranien
tout entier, celui de l'Arménie, et la Trans-
caucasie, n'était certainement pas habi–
tée.
CHAP. I
Fonds A.R.A.M