XIII
Depuis bientôt trente ans qu'est paru mon livre sur le
Caucase, la question des origines arméniennes a fait
l'objet de nombreux travaux, car les esprits se sont
tournés vers l'étude des débuts de l'homme avec une
grande activité, et les Arméniens n'ont pas été omis dans
ces recherches ; cependant, quelques ouvrages se recom–
mandent plus particulièrement par la méthode scienti–
fique très sûre suivie par leurs auteurs, qui tous parvien–
nent aux mêmes conclusions, bien que partant de points
de vue différents. M.
MEILLET
,
dans sa
Grammaire com–
parée de FArménien classique
(
iqo3), tire de l'analyse de la
langue des arguments décisifs quant aux origines indo–
européennes du peuple qui la parle; MM. Noël
DOLENS
et
A.
KIIATCH
,
dans leur
Histoire des anciens Arméniens
(
i 907),
et M. Kévork
ASI.AN
,
dans ses
Etudes sur le Peuple
arménien
(1909),
reprennent avec une très grande force,
et en les complétant, les arguments dont j'avais fait
usage en 1889 et résolvent le problème dans ses grandes
lignes.
Pendant que je passais définitivement en revue le ma–
nuscrit de cette
Histoire du peuple arménien,
paraissait
(1917)
à Rome un ouvrage important de J.
SANDALGIAN,
Histoire documentaire de l'Arménie des temps du paga–
nisme,
livre dont les conclusions sont opposées à celles
de Meillet, N. Dolens, A. Khatch et K. Aslan. Il est
regrettable que l'auteur de ce volumineux travail se soit
laissé entraîner par des analogies étymologiques illu–
soires, car elles lui ont fait suivre une voie dans laquelle
la critique scientifique ne peut pas s'engager.
Les sources de l'histoire arménienne sont très nom–
breuses et se divisent naturellement en plusieurs classes,
suivant les périodes envisagées.
Les annales des pays de l'Ararat remontent très haut
dans l'antiquité; les premiers événements qui se sont
passés dans ces régions sont relatés dans les inscriptions
niniviles et dans celles de l'Ourartou (Van), mais les docu-
menls sont de beaucoup antérieurs à l'époque de l'arrivée
des Arméniens sur le plateau d'Erzeroum. Parler des
opulalions qui ont été conquises puis absorbées par
élément nouveau venu serait reprendre l'histoire de
l'Asie Antérieure depuis le quinzième ou le dixième siècle
avant notre ère et, par suite, sortir du cadre que je me
AVAST-pnOPOS
Fonds A.R.A.M