XII
aucune recherche n'a été tentée en dehors de quelques
fouilles de peu d'importance pratiquées à Van. Nous en
sommes donc réduits, pour les temps les plus anciens,
aux dires des auteurs classiques grecs et latins, sans
contrôle archéologique.
Comme il en est de l'histoire de tous les peuples orien–
taux, principalement au Moyen Age, les annales de l'Ar–
ménie sont d'une complication extrême. Les événements
qui s'enchevêtrent les uns dans les autres sont en rela–
tions intimes non seulement avec l'évolution des peuples
asiatiques, mais aussi dépendent fréquemment de la poli–
tique des nations occidentales ; en sorte qu'il est souvent
besoin de parler de l'Histoire générale pour faire com–
prendre les causes et les effets des événements purement
arméniens. Quant aux faits eux-mêmes, dans la plupart
des cas, les documents qui en traitent sont fort dispersés,
éparsdans les histoires et les chroniques des nations étran–
gères.
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fallait les découvrir, les discuter, les comparer :
tâche souvent malaisée, car, fréquemment, ils ne sont
pas narrés de même façon par les divers annalistes.
En 1889 déjà, je m'étais intéressé à l'histoire de l'Ar–
ménie et j'avais abordé sommairement cet intéressant
sujet dans
r
un volume intitulé :
Mission scientifique au
Caucase, Etudes archéologiques et historiques. Torne II.
Recherches sur (es origines des peuples du Caucase.
Mais,
comme son titre l'indique, cette élude ne concernait pas
spécialement les Arméniens, et l'histoire de cette nation
n'y était envisagée que dans ses lignes principales, mon
attention s'élant portée plus spécialement sur les ques–
tions relatives aux origines des peuples karthwéliens.
Quoi qu'il en soit, j'avais étudié très sérieusement l'Ar–
ménie, tant au point de vue de ses annales qu'à celui du
caractère de son peuple, que je connaissais pour avoir
vécu longtemps chez lui. C'est pour ces raisons que
MM. G. Schlumberger et A. Tchobanian ont insisté pour
me faire prendre la plume et que j'ai souscrit à leurs
désirs.
D'ailleurs, dans les circonstances actuelles, écrire une
histoire de l'Arménie n'est plus seulement faire œuvre
scientifique, c'est remplir un devoir envers l'humanité,
envers un peuple trop peu connu, que ses malheurs ont
tiré de l'oubli et qui mérite de plus heureuses destinées.
ÀVANT-PROPCS
Fonds A.R.A.M