XXXV I I *
Malgré la guerre et l'éloignement, un véritable dialogue
s'établit entre eux, qui rapproche ces deux hommes pour–
tant si différents. Bien vite, J. de Morgan est passionné par
son sujet et par cette entreprise:
«7
e
travaille ferme à l'Histoire de l'Arménie mettant sur
pied l'ensemble que je reprendrai ensuite pour les détails et
la forme. Mon travail se trouve facilité par le fait que je con–
naissais, par avance, l'histoire de votre nation.
J'en suis au chap. VI «Les Bagratides»; l'édifice tient cor–
rectement debout jusqu'ici et il en sera de même pour la
suite, je n 'en doute pas. Mais il ne faut pas se dissimuler que
c'est là un travail très ardu, car il faut à chaque instant faire
intervenir l'Histoire générale du monde et que cette histoire
est souvent bien confuse. Je trouve un très grand intérêt à
cette étude. Je tiens surtout à mettre en lumière
l'héroïsme
séculaire (que dis-je millénaire) de la race arménienne»
(
J.
de M. à A. T., 6 juillet 1916).
«
La question arménienne est venue donner un but très
sérieux à mon activité. Je m'y suis attaché parce que
j'éprouve de très grandes sympathies pour votre nation et
aussi parce que je pense faire une très bonne action en
aidant, dans les limites de mes faibles moyens, à la renais–
sance d'un peuple méritant l'estime que j'ai pour lui»
(
J. de
M. à A. T., 11 juillet 1916).
I l ne cesse de répéter combien i l est heureux d'apporter
son soutien à la cause arménienne:
«
Vous voir réussir, lors du règlement des affaires mondia–
les, serait pour moi une grande joie et cette espérance me
suffit. Plus tard, quand je ne serai plus, j'espère que les
Arméniens, se souvenant de moi, graveront mon nom dans
une de leurs églises de l'Arménie restaurée, avec ces deux
seuls mots "Amicus fuit". Mes ambitions seront satisfaites»
(
J. de M. à A. T., 11 juillet 1916).
«
Je suis non seulement très touché, très flatté par votre
lettre du 11 que je reçois à l'instant, mais j'en suis aussi pro–
fondément ému. M. Schlumberger, quand il nous a mis en
rapports, vous et moi, savait combien j'éprouvais de sympa–
thies pour le peuple arménien et aussi combien j'étais versé
dans les choses de l'Orient. Connaissant mon caractère, il
savait que si je me consacrais à la cause arménienne, je le
PRÉSENTATION
Fonds A.R.A.M