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Salutaire prudence! Sans cela Tchobanian aurait certaine–
ment connu le sort tragique des intellectuels et notables
arméniens que le gouvernement turc arrêta et dont i l fit, au
mois d'avril 1915, une véritable hécatombe. La plupart des
Arméniens ne soupçonnaient pas quelle machination diabo–
lique les Jeunes-Turcs tramaient contre le peuple armé–
nien, qu'ils allaient bientôt tenter d'exterminer. Dans la
période qui précède la guerre, la diplomatie européenne est
avant tout soucieuse de maintenir l'intégrité de l'Empire
ottoman, telle est la formule sans cesse répétée. La Tur–
quie est «l'homme malade» dont on cherche à tout prix à
retarder l'agonie, car on ne se sent pas préparé à son par–
tage. En se rangeant aux côtés de l'Allemagne, la Turquie
contraint les Alliés à modifier leur stratégie et à abandon–
ner ce mot d'ordre; c'est du moins ce qui apparaît dans les
déclarations officielles. Des responsables politiques pro–
mettent aux Arméniens la fin de leurs souffrances et leur
libération du joug turc. Dans le discours qu'il prononce
lors de la manifestation en l'honneur de l'Arménie du 9
avril 1916, Paul Deschanel, Président de la Chambre des
Députés, affirme:
L'Alsace-Lorraine
délivrée, fêtera bientôt avec nous
l Arménie
libérée».
Et voici une déclaration de Clemenceau qui va dans le
même sens:
«
La France, victime de la plus injuste des agressions, a
inscrit dans ses revendications la libération des nations
opprimées.
Protectrice traditionnelle de ces peuples, elle a manifesté
à maintes reprises sa profonde sympathie pour les Armé–
niens. Elle a tout tenté pour venir à leur aide.
L'esprit d'abnégation
des Arméniens,
leur loyalisme
envers les Alliés dans la Légion Etrangère, sur le front du
Caucase et à la Légion d'Orient ont resserré les liens qui les
attachent à la France.
Je suis heureux de vous confirmer que le gouvernement
de la République, comme celui du Royaume-Uni, n'a pas
cessé de compter la nation arménienne au nombre des peu–
ples dont les Alliés comptent régler le sort selon les règles
supérieures de l'Humanité et de la Justice».
PRESENTATION
Fonds A.R.A.M