XXV I *
émouvoir l'opinion française et à briser la conspiration du
silence dont une presse vénale et un ministre des Affaires
Etrangères, ami personnel du sultan, voulaient entourer
ces crimes. La REVUE BLANCHE, la REVUE DES RE–
VUES, le MERCURE DE FRANCE, la REVUE ENCYCLO–
PÉDIQUE lui ouvrent leurs colonnes; Anatole France,
gagné à la cause arménienne, préside une conférence de
Tchobanian sur «L'ARMÉNIE, SON HISTOIRE, SA LITTÉ–
RATURE, SON RÔLE EN ORIENT». I l publie des traduc–
tions pour faire connaître la littérature arménienne: «POÈ–
MES ARMÉNIENS, ANCIENS ET MODERNES» (1902),
«
LES TROUVÈRES ARMÉNIENS» (1906), «CHANTS
POPULAIRES ARMÉNIENS» (1907). C'est grâce à Tchoba–
nian, à son immense culture, à ses efforts inlassables,
qu'un grand nombre d'intellectuels français ont appris à
connaître et à aimer la riche culture arménienne dont, le
plus souvent, ils ignoraient l'existence. Un de ses mérites,
et non des moindres, est d'avoir tout mis en œuv r e pour
que J. de Morgan accepte d'écrire une histoire d'Arménie et
qu'il puisse mener à bien cette tâche ardue, comme le mon–
tre sa correspondance avec le savant français. On a pu lire
la première lettre de Tchobanian à J. de Morgan. Celui-ci
lui répond le 24 février 1916. Par cette longue lettre on peut
voir tout l'intérêt de cette correspondance:
«
Amélie-les-Bains, Pyrénées Orientales
Villa Marie-Jeanne
Le 24 février 1916
Monsieur,
Hier même, mon ami M. Schlumberger me parlait de
vous dans sa dernière lettre, et ce matin, je reçois en même
temps que les livres que vous avez la gracieuseté
de
m'envoyer, votre aimable lettre. Je n'ai pas besoin de vous
dire avec quel intérêt je vais lire vos ouvrages.
Je ne sais encore dans quel n° de la REVUE DE PARIS M.
Lavisse insérera mon article sur les Arméniens, (c'est un
article de 15 pages), mais je puis vous dire à l'avance que
vous serez satisfait. J'y mets en lumière les grandes qualités
de votre nation, tout en ne passant pas sous silence quelques
petits défauts qui sont appelés à disparaître quand les Ar–
méniens auront retrouvé un toit familial. J'y parle de votre
attachement à vos traditions ILLUSTRES,
à votre CULTE
PRESENTATION
Fonds A.R.A.M