XXIV*
«
Jusqu'à l'époque des massacres d'Arméniens
ordonnés
par le sultan sanguinaire Abdul-Hamid, j'ai consacré toutes
mes forces au travail d'épuration de l'arménien moderne et
d'enrichissement de notre littérature contemporaine en pro–
duisant des poèmes, des contes, des études littéraires et en
publiant des pages de plusieurs maîtres de la littérature
française contemporaine... J'avais aussi dès cette époque
senti la nécessité de faire connaître au monde civilisé
quelques-unes des plus belles pages de notre littérature qui
demeurait entièrement ignorée de l'élite elle-même des gran–
des nations d'Europe et d'Amérique».
Nommé professeur de langue et littérature arméniennes
modernes à l'Ecole Centrale, il continue à publier dans la
presse arménienne et se lie avec les écrivains les plus mar–
quants de sa génération. En 1893, i l fait un séjour d'un an à
Paris et rencontre quelques-uns des écrivains français qu'il
admire et dont il a diffusé les œuvres parmi ses contem–
porains:
«
J'ai eu des entretiens avec de grands écrivains comme
Alphonse Daudet et Emile Zola, avec Jean Lorrain et Henry
Baiier qui m'ont fait un accueil bien cordial».
A l'automne de 1894, il rentre à Constantinople et
reprend son activité littéraire et pédagogique. I l fonde une
revue, DZAGHIG, où i l publie, entre autres, d'importantes
études sur les littératures arménienne et française. C'est,
hélas! une des époques les plus sombres de l'histoire du
peuple arménien. Dans les provinces de l'Arménie, Kurdes
et Turcs soumettent la population à des exactions sans
limites, avec l'indulgence et même l'appui de l'autorité.
Non content de différer les réformes auxquelles i l s'était
engagé par le traité de Berlin, le sultan Abdul-Hamid orga–
nise le massacre méthodique des Arméniens. Tchobanian
qui était jusqu'alors resté en dehors de tout mouvement
politique va être jeté dans l'action par les événements. I l
mettra désormais toute son énergie au service de sa nation
opprimée:
«
Quand les massacres d'Arméniens ont éclaté, en 1895,
massacres où périrent en pleine période de paix trois
cent mille Arméniens, pour la plupart de pauvres gens
désarmés, des femmes, des enfants et des vieillards atroce-
PRÈSENTATION
Fonds A.R.A.M