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mais aussi par leur valeur intellectuelle, par leur rôle histo–
rique, par leur poésie, leur art. Je vous en exprime d'avance
ma reconnaissance. Je vous envoie mes ouvrages et je vous
prie de vouloir bien les agréer comme un hommage de res–
pectueuse gratitude avec l'expression de mes sentiments les
plus dévoués.
A. Tchobanian
Paris 17 Rue La Bruyère».
Tchobanian a alors quarante-quatre ans. Son existence a
été tout aussi féconde et mouvementée que celle de J. de
Morgan. I l est né en 1872 à Constantinople qui était deve–
nue, dans la seconde moitié du X I X
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siècle, une véritable
capitale intellectuelle pour les Arméniens de l'Empire otto–
man. Fils d'un orfèvre de Bechiktach, l'un des quartiers
arméniens de Constantinople, i l y commence ses études, et
les achève à l'Ecole Centrale Arménienne (Getronagan),
fondée en 1866, qui fut une pépinière d'intellectuels armé–
niens. Les regards de tous les Arméniens de l'Empire otto–
man sont alors tournés vers l'Europe et en particulier vers
la France qui exerce sur eux une véritable fascination. La
langue française est enseignée dans la plupart des écoles
arméniennes. Avant d'avoir séjourné en France, Tchoba–
nian s'exprime dans un français châtié et élégant. Brillant
élève, i l aura pour l'écriture une passion que le temps, la
misère et les deuils ne sauront affaiblir ou altérer. I l n'a
pas encore quitté le collège quand les journaux arméniens
lui ouvrent leurs colonnes. I l publie dans AREVELK
(
L'Orient) et HAÏRENIK (La Patrie) des traductions de Dau–
det, Maupassant, Flaubert, Zola, Paul Adam, Catulle Men-
dès. Parallèlement à ce travail de diffusion de la littérature
française parmi les Arméniens, i l s'efforce de présenter la
culture arménienne en Europe où l'immense majorité du
public ignore ce que sont les Arméniens. Dans un discours
prononcé à l'occasion du jubilé du poète, l'historien René
Grousset a résumé ainsi cet aspect de l'activité littéraire de
Tchobanian: «Vous avez été l'interprète aussi scrupuleux
que fervent de la pensée française en Orient, de la pensée
arménienne en Occident». Tchobanian lui-même déclara à
cette occasion
5
:
5.
«
Jubilé des Soixante-cinq années d'activité
littéraire
du grand
poète
arménien Archag Tchobanian»,
Paris, pp. 72-78.
PRÉSENTATION
Fonds A.R.A.M