XIV*
vre de nouveaux travaux et rédiger ses souvenirs. «Un
homme de cette trempe, note Edmond Pottier, ne pouvait
pas se reposer».
Certes i l a déjà bien rempli sa vie, mais pendant les
douze dernières années de son existence, i l va produire une
quantité d'ouvrages, études et articles dans les domaines si
divers où i l a porté son regard. Des champs nouveaux atti–
rent encore sa curiosité: i l s'essaie au roman historique; i l
s'intéresse au cinéma naissant et construit des scénarios de
films historiques éducatifs; i l entretient une correspon–
dance nourrie d'une plume qui a conservé son agilité et sa
calligraphie.
Cette fécondité n'est ralentie que par un état de santé
devenu préoccupant.
Dans une lettre de 1916 à Tchobanian i l s'en explique:
«
J'étais moi-même d'une constitution extrêmement ro–
buste. Mais jamais je ne me suis ménagé... J'ai fait en
Orient plus de 100.000 kilomètres à cheval. J'y ai pris la fiè–
vre typhoïde en me rendant en Abyssinie, ... les fièvres et la
dysenterie en Indochine et à Sumatra, le choléra en Egypte
et — malheureusement — une foule de bronchites en Perse
où j ' a i eu parfois, la même année, 30
e
de froid en hiver sur
le plateau et 57
e
de chaleur en Susiane. I l n'y a pas de bron–
ches qui résistent à pareil traitement».
Elles n'ont pas résisté ces bronches malades qui lui cau–
sent de grandes souffrances et une gêne respiratoire pro–
gressivement aggravée. Une sorte d'asthme le fait suffo–
quer et i l se bourre de médicaments qui, par ailleurs,
minent son état général.
Le séjour à Amélie-les-Bains ne le soulage pas. Au début
de 1924 sa santé est tellement menacée qu'il se fait trans–
porter à Marseille où i l entre à l'hôpital Salavator.
Le moral — qui avait été si longtemps élevé — cède au
physique. Jacques de Morgan est mort épuisé, le 12 Juin
1924.
Le 14, un maigre cortège d'amis et d'admirateurs
escortait sa dépouille au cimetière Saint Pierre.
C'est pendant ces dernières années où la tristesse,
l'amertume ressentie après un injuste coup s'ajoutaient à
cette chancelante santé que Jacques de Morgan apprendra
la nouvelle de la déclaration de guerre. I l en suit le déroule–
ment, bouleversé dans son patriotisme et enragé de son
impuissance.
PRÉFACE
Fonds A.R.A.M