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courant par la publication régulière de tous les travaux et
documents de la Délégation en Perse.
De ces trouvailles, citons en seulement une: la fameuse
«
stèle d'Hammourabi» où ce souverain babylonien d'il y a
40
siècles a fait graver en caractères cunéiformes, tout le
code des lois de son royaume. En trois mois, le Père Scheil,
assyriologue de la Délégation, devait traduire les 282 textes
de cet extraordinaire «document» de basalte noir et ressus–
citer ainsi la société quatre fois millénaire qui y était
soumise.
Pendant quinze ans, avec la stèle d'Hammourabi — un
des plus importants témoignages de l'Histoire universelle
les objets, les statues, les inscriptions, les bas-reliefs
afflueront au Louvre et s'accumuleront les volumes des
publications scientifiques.
L'hiver, on fouille. L'été, infatigable, Jacques de Morgan
part explorer, un à un, les pays du Proche-Orient, de la
Russie méridionale, au Bassin méditerranéen. I l s'énivre
d'action et de recherche. Sa notoriété grandit encore.
Mais dès 1908, la tatillonnerie des services administra–
tifs parisiens, des jalousies sans doute aussi, créent entre la
capitale et le délégué général en Perse une situation con–
flictuelle qui s'envenime. A deux mille kilomètres de dis–
tance on ne voit pas les questions comptables de la même
façon quand on est assis dans un bureau de l'Administra–
tion et quand on patauge dans la boue d'un chantier de
fouilles en plein vent... De Morgan réagit avec hauteur.
Mais les intrigues iront jusqu'à une interpellation à la
Chambre. Elle sera muselée par Clemenceau lui-même
qui s'est préalablement rendu au musée du Louvre «pour
voir qui était ce M. de Morgan dont on lui demandait la
tête».
Mais l'atmosphère a changé, les tracasseries continuent.
En Octobre 1912, découragé et amer, Jacques de Morgan
donne, de lui-même, sa démission de Délégué Général. C'est
la fin de la Délégation.
Rentré en France, Jacques de Morgan se terre à la cam–
pagne. Paris lui fait horreur. I l «prend sa retraite» et ne
courra plus jamais à travers le monde. A 55 ans ses seules
fouilles, désormais, seront celles qu'il effectue dans le mon–
ceau de documents, d'objets, de notes, de croquis qu'il a
récoltés. Et dans sa vaste et claire mémoire... Pour poursui-
PRÊFACE
Fonds A.R.A.M