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est éprouvant et l'accueil des habitants trop souvent celui
de bandits et de pillards.
Mais la moisson recueillie au milieu de ces dangers est
proprement prodigieuse par la quantité d'études accom–
plies et des découvertes qui renouvellent, parfois de fond
en comble, la connaissance des civilisations anciennes.
Les cartes dressées par Jacques de Morgan révèlent des
pays inconnus jusqu'alors. Preuves à l'appui, i l fait surgir
des royaumes qui remontent à la nuit des temps; en parti–
culier le remarquable royaume d'Elam où «pendant 3.000
ans se succédèrent des dynasties qui ont dicté leur volonté
aux pays de la Chaldée et de l'Iran avant de diparaître sous
les coups des Assyriens destructeurs de la fabuleuse cité de
Suse».
Non content de ces travaux, de ses études géologiques,
géographiques, archéologiques, paléontologiques, linguis–
tiques, Jacques de Morgan a été amené à étudier, à la
demande du Gouverneur local, une «cire minérale» recueil–
lie dans la province persane de Kirmanchan. L'ingénieur
des mines soupçonne vite que ce produit de la nature — que
les Assyriens utilisaient déjà — en cache un autre dont la
civilisation contemporaine va avoir le plus grand besoin.
Utilisant ses recherches géologiques, i l démontre que
toute la région qui s'étend de Kirkouk au Golfe Persique
n'est qu'un immense gisement de naphte. La Perse de 1890
n'a pas les moyens de créer son industrie pétrolière, cette
industrie qui devait faire sa richesse un demi-siècle plus
tard. Ce que l'on comprend moins c'est que le rapport cir–
constancié que Jacques de Morgan transmet en France —
et que publieront les Annales des Mines en 1892 — n'éveille
aucune espèce d'écho dans le monde industriel et financier,
voire politique. Pourtant l'industrie automobile a pris son
essor et déjà se préfigure l'industrie aéronautique...
Cette occasion manquée, les anglais de la British Petro–
leum sauront la ressaisir quelques années plus tard en
reprenant le rapport de Jacques de Morgan.
Ce dernier, d'ailleurs, a quitté la Perse, mission accom–
plie. On le retrouve en Egypte, chargé par le Gouvernement
de l'intérim du Service des Antiquités. La France depuis
Champollion s'est assurée, concurremment avec la Grande
Bretagne, une situation prééminente dans cette spécialité.
Très vite, par décision des autorités égyptiennes, l'inté-
PRÊFACE
Fonds A.R.A.M