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De fait, après l'Europe centrale, on le retrouve en Malai–
sie à la recherche de gisements d'étain à exploiter. Parcou–
rant la presqu'île de Malacca et les montagnes du royaume
de Pérak, i l se trouve pendant des mois au cœu r de con–
trées quasi-inconnues. I l ajoutera à sa recherche géologi–
que, une véritable exploration. Exploration complète, faut-
il préciser, et qui montre bien les connaissances, les dons et
la curiosité permanente de l'homme. Non seulement i l
r epè r e les grandes régions géologiques et précise le
système hydrologique du pays mais i l en dresse la première
carte. Plus encore: i l s'intéresse à la flore et à la faune, à
l'histoire naturelle et renouvelle les connaissances scienti–
fiques en recueillant des collections complètes de plantes,
d'insectes et de mollusques dont près de la moitié des espè–
ces n'étaient pas encore connues.
Et encore! Au long de ces mois épuisants Jacques de
Morgan a partagé la vie des populations primitives de
Negritos. Au sein de ces tribus encore à l'âge de la pierre, i l
en profite, crayon en mains, pour les dessiner, reproduire
tous les détails de leur habitat et de leur existence; i l étudie
leur société, leurs mœu r s , dresse le premier vocabulaire
négrito-franco-malais.
Les objets rapportés, les nombreuses publications scien–
tifiques, le récit du voyage, l'album même où figurent des
centaines de croquis, montrent tout à la fois, l'intérêt pas–
sionné, l'acharnement à connaître, la précision de l'obser–
vation et la diversité des disciplines qui retiennent l'esprit
de l'auteur. Jacques de Morgan s'attache à tout, dirait-on,
non par foucade superficielle mais par une série d'associa–
tions logiques: géologie et minéralogie, géographie, topo–
graphie et cartographie, zoologie et entomologie; étude des
sociétés et mentalités primitives, ethnologie et sociologie;
linguistique, Histoire et Préhistoire, Paléontologie et Ar–
chéologie... Autant de cheminements spécialisés qui con–
vergent vers de grandes questions de synthèse. Jacques de
Morgan est comme l'abeille industrieuse qui fait son miel
de toutes fleurs.
On le verra mieux encore lorsque
à peine touchée la
France au retour — i l repart diriger une exploitation de
cuivre en Arménie russe. I l y emploie tout son temps libre à
voyager à travers le pays et les régions environnantes, à
escalader les pentes du Caucase, à fouiller à la fois les
PRÉFACE
Fonds A.R.A.M