ARMENIENNE
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croisades ont réussi, c'est qu'en débouchant de l'Ana-
tolie dans la Syrie du Nord, eUes ont trouvé établie
à Antioche comme à Edesse une immigration armé–
nienne qui a servi de base aux deux premiers Etats
francs. Entre les Etats francs (c'est-à-dire français)
de croisade et le royaume arménien de Cilieie, l'al–
liance fut spontanée et durable, les rapports s'éta–
blirent sur un, pied d'égalité absolue, les unions prin-
cières furent incessantes. L'Orient Latin du X I I I
e
siècle fut en réalité un Orient franco-arménien. De
cette étroite symbiose franco-arménienne, la litté–
rature arméno.cilicienne porte, on le verra, d'émou–
vants témoignages.
Nous voyons ainsi, touche par touche, ~e des–
siner sur la fresque de l'histoire l'immortel visage
de l'Arménie- Indo-européen de race (et avec une
langue qui constitue même une des grandes bran–
ches originales de la famille linguistique indo-euro–
péenne), le Hayastan a su, à travers toutes les inva–
sions et migrations sémitiques ou altaïques, préser–
ver ce caractère essentiel. Tôt chrétien de religion,,
il a su maintenir sa foi contre toutes les pressions
mazdéennes ou musulmanes. Ardemment francophile
et même, du X I I
e
au X I V
e
siècle, ayant considéré
le français comme sa seconde langue nationale, le
royaume des Léon et des Héthoum a conclu avec
notre pays une alliance spirituelle qui n'a jamais
été rompue.
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Mais un jour, la Croisade une fois rembarquée,
après 1291, l'Arménie, une fois de plus, s'est re–
trouvée tragiquement seule, - seule à maintenir en
terre d'Asie son ethnie européenne, sa foi, son idéal.
Dans des conditions terribles, en dépit de l'oppres–
sion et des massacres, toujours elle a maintenu. Ja–
mais elle n'a abdiqué, jamais elle n'a désespéré. De
la terre asservie, la spiritualité arménienne a jailli,
Fonds A.R.A.M