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LITTERATURE
déjà (Adontz l'a bien, montré) le cas de l'antique
Ourartou, cette préfiguration de l'Arménie, cette
«
Arménie avant les Arméniens» dont la culture
assez élevée et même le substrat ethnique n'ont pas
laissé de jouer un rôle posthume dans l'évolution
du Hayastan indo-européen.
Mais le propre de l'Arménie historique,- toute sa
littérature en témoigne-, réside dans sa langue indo–
européenne, dans son caractère indo.européen. I l n'y
a aucun, racisme à le proclamer, et notre grand Meil-
let y insistait avec raison, cet indo-européanisme,
jalousement gardé par la «forteresse haykane», a
permis à l'âme arménienne de survivre à toute les
tourmentes. I l a, d'autre part, facilité à celle-ci son
heureuse symbiose avec la civilisation iranienne,
avec la civilisation hellénique, l'une et l'autre de
même texture qu'elle. La littérature arménienne a
pu ainsi, à certaines heures et sans se dénationa–
liser en rien, s'inspirer librement de la poésie per–
sane comme de la pensée grecque.
Aussi bien que son indo.européanisme foncier,
la forteresse arménienne a su, depuis le I V
e
siècle,
maintenir sa personnalité religieuse. Depuis le I V
e
siècle, l'Arménie est restée « en chrétienté ». A ce
double titre, et contrairement aux apparences géo–
graphiques,
l'Arménie est en Europe.
L'Europe, à diverses reprises, est allée au de–
vant de l'Arménie. L'histoire des rapports arméno-
byzantins, rapports d'ailleurs fort complexes où l'Ar–
ménie avait toujours à redouter une menace de dé.
nationalisation spirituelle, n'en a pas moins marqué
son empreinte dans la littérature arménienne comme
dans la littérature byzantine. Plus tard sont venues
les Croisades, auxquelles une partie de la population
arménienne, établie en Cilicie, a pris une part es–
sentielle. Je n'exagérerai pas en disant que si les
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