ARMENIENNE
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La gambade des biches et la course (.rapide) des cerfs.
Nous sonnions la trompette et battions le tambour!
(1)
Magistros a recuilli cette chanson de la bouche
des paysans de son époque. E l l e semble avoir f a i t
pa r t i e des chants consacrés à Artachès et récités
à son agonie (2).
*
L a valeur quan t i t a t i v e et qualitative de, l a litté–
r a t u r e orale de l'Arménie antique ne se borne pas
aux morceaux que nous venons de citer. Suivant les
témoignages de Khorénatsi, les chants de Goghten
qui f o rmen t les plus anciens monuments de la langue
arménienne, semblent être plus impo r t an t s qu'on
ne le c r o i t .
P a rm i les épopées arrivées jusqu'à nous, quel–
ques-unes concernent des légendes dont l'origine
n'est pas strictement nationale. Celle qu i est a t t r i –
buée à Sémiramis est de cette catégorie (3) . L a lé–
gende du géant T o r k peut être, de même, considérée
comme étant d'origine étrangère; elle offre des ana–
logies avec celle de Polyphème. (4)
Certes, ces chants ne constituent pas une œu–
vre épique, telle que le Chahnamé datant du X
e
siècle,
ou comme l'Avesta, le l i v r e sacré des Persans,, com–
posé avant Alexandre le Grand. Toutefois, dans le
cas pa r t i cu l i e r des chants consacrés à Artachès, on
peut supposer qu ' i l ne s'agit pas là de créations
fragmentaires, mais d ' un g r and poème dans le gen–
re du Chahnamé- (5) De là à conclure que tous les
chants de Goghten f o rma i en t ensemble une épopée
unique embrassant toute l'histoire d'Arménie, i l y
a loin.
V)~lté
sens de ce quatrain s'explique, lorsqu'on se rappelle
que les anciens Arméniens fêtaient en grande solennité le
Jour de l'An Oe «Navassart») qui selon le vieux calendrier a r –
ménien, tombait en août. Or, ce jour-ila, les Arméniens, sui–
vant l a coutume païenne, renouvelaient le brasier des temples
du F e u . Les vers cités par Magistros font allusion à ce fait.
2)
Correspondance de Grigor Magistros, 33" lettre,
in fine,
éd. Kostaniantz, Alexandropol
i
1910,
p. 67.
.3)
Khorénatsi,
Histoire,
I, ch . X V H I .
4)
Homère,
Odyssée,
chant I X .
5)
Of. M. Abéghian,
Histoire de l'ancienne littérature ar–
ménienne,
Erivan, 1944, t. I, p. 50-60.
Fonds A.R.A.M