ARMENIENNE
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que la série d'historiens et de chroniqueurs que nous
offre l'Arménie. Ce n'est ni leur talent ni leur origi–
nalité ni la grandeur de leur pays et de leur histoire
qui leur donnent de l'importance;
c'est leur position
et leur esprit de nationalité. L'Arménie a été pour
son malheur, mêlée aux affaires de tous les grands
peuples; les Romains, les Arabes, les Grecs, les La–
tins et les Turcs se sont successivement
et incessam–
ment mêlés de son sort; ainsi ses historiens qui nous
donnent un contrôle perpétuel des annales de toutes
ces nations pour tout ce qui s'est passé dans cette
partie de l'Orient, nous fournissent souvent des ren–
seignements
nouveaux et des éclaircissements d'une
valeur d'autant plus grande qu'ils sont, en général,
originaux et tirés des sources toutes locales et toutes
indigènes. Il y a chez les Arméniens un esprit invin–
cible de nationalité; toute leur histoire est une lutte
incessante contre des nations plus puissantes, et si
à la fin ils ont succombé, ce n'est pas faute de
bravoure, ni de patriotisme, mais faute d'unité
». (1)
Un autre orientaliste, connu par le nombre et la
variété de ses travaux, M. Brosset, écrit de son côté:
«
Je l'avoue, j'ai un faible pour les travaux his–
toriques des vartabeds arméniens; leur mérite réel,
comme témoins contemporains,
pour la plupart, l'é–
tendue de leurs rapports avec les dominateurs de l'A–
sie, Sassanides,, Séldjoukides
et dérivés,
Mongols,
Croisés, Byzantins et dans les temps plus modernes,
avec la Turquie et la Perse; leur exactitude
chrono–
logique, sauf les erreurs inévitables et les
lapsus ca-
lami
des copistes : tout cela leur a mérité l'intérêt
et l'attention des savants.
». (2)
Enfin,
Marquart déclare à propos des produc-
1)
Mohl,
Vingt-sept
ans d'Histoire
des
K
Etudes
orientales,
II, Paris, 1880, p. 188.
2)
M.
Brosset,
Collection d'historiens arméniefhs, Introduc–
tion,
Saint-Pétersbourg, 1874-1876, p. xxix.
Fonds A.R.A.M