L E S
P R E M I E R S S I È C L E S D U « H A Y A S T A N »
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les inscriptions assyriennes, si le n om d'Aramé est mentionné
à sa place légitime comme premier r o i d ' Ou r a r t o u , l a dynastie des
Chardouri, des A r g i c h t i et des Rousa ne se qualifie jamais de
maison d'Aramé. I l y a là un problème q u i est loin d'être encore
résolu
1
.
L'Arménie a v a i t dû accepter sous Cyrus l a suzeraineté des
Perses Achéménides. Elle se révolta à la faveur des troubles q u i
éclatèrent dans l'empire perse après la mo r t de'Cambyse et du
«
Faux Smerdis » (521). L e mouv emen t d u t acquérir une grande
ampleur, puisqu'il déborda jusque dans le territoire de l'ancienne
Assyrie. Toutefois le nouveau r o i de Perse, Darius, p u t s'assurer
le loyalisme de quelques éléments arméniens, puisque ce f u t
un seigneur arménien nommé Dâdarchîch q u ' i l m i t à l a tête de
l'armée chargé de réduire l'insurrection. I l est v r a i , q u ' i l remplaça
bientôt Dâdarchîch par un Perse nommé Vaoumisa (520) et
ce f u t ce dernier qu i ramena finalement l'Arménie dans l'obéis–
sance par deux victoires remportées sur les rebelles, l'une à
Izitouch, en Assyrie, l'autre à Aoutiyâra (519)
2
.
Dans la réorganisation administrative de l'empire perse à
laquelle i l procéda ensuite, Darius f i t de l'Arménie la X I I I
e
satrapie. Ou plutôt cette satrapie ne c omp r i t que le territoire
effectivement occupé, au détriment de l'ancien Ou r a r t o u , par
les Arméniens thraco-phrygiens, savoir les provinces dépendant
du bassin de l ' Euph r a t e et du bassin d u Tigre, depuis l ' Ar a x e
supérieur du côté d u nord jusqu'au Tigre supérieur et au B o h t a n -
sou du côté d u sud. ( Ami d a f u t ainsi incluse dans l a satrapie
d'Arménie, ce q u i permet d'inférer que l'invasion arménienne
avait occupé une partie du Dyarbékir). Mais Darius disjoignit de
l'Arménie et engloba dans une satrapie distincte, la X V I I I
e
,
les
anciens Ourartiens — désormais connus sous le n om d'Alarodiens
et q u i , devant l'invasion arménienne, s'étaient retirés sur le
cours oriental de l ' Ar a x e , à l'est du massif de l ' A r a r a t . L a
X V I I I
e
satrapie c omp r i t ces « Alarodiens » en même temps que
la Mattiène (bassin du lac d ' Ourmi a )
3
.
L a l imi t e entre l'Arménie
et les Alarodiens aurait été marquée par les massifs de l ' A r a r a t
et du Tendourek.
Les Arméniens d'une p a r t , les Alarodiens de l'autre fournirent
leurs contingents à l'armée perse lors de l'expédition de Xerxès
en Grèce en 480. Comme on l'a v u , Hérodote mentionne les
Arméniens avec les Phrygiens : « Les Arméniens, qu i sont des
1 .
M a r q u a r t r a p p r o c h e de l a m ê m e racine le n o m d'une ancienne capitale
arménienne de l ' A i r a r a t ,
Armavir,
mentionnée p a r Ptolcmée sous l a f o i m e
<•'Armaouria
ou
Armaotrra
(
P T O L É M É E , V , 1 2 , 5, p. 9 4 1 , 5. Cf. M A R Q U A R T ,
Le
Berceau des Arméniens,
Revue des Éludes Arméniennes,
t .
8,
1 , 1 9 2 8 ,
p. 2 1 8 .
2.
I n s c r i p t i o n s de Béhistoun a p . W E I S S B A C H - B A N G ,
Die altpersischen
Kei*
linschriften,
p. 1 6 - 1 9 , et M A S P E R O , I I I ,
p.
6 7 8 - 6 8 1 ,
3.
H É R O D O T E , I I I ,
93-94*
Fonds A.R.A.M