L E S P R E M I E R S S I È C L E S D U « H A Y A S T A N »
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l'Ouest. Ad o n t z f a i t remarquer à ce sujet qu ' on a constaté
l'existence de t u m u l i « de style thrace » sur la ligne Ma l a t y a -
Kharpout-Dyarbékir, ce q u i confirmerait le passage, sur cet
itinéraire, d'émigrants thraco-phrygiens ' .
Nous ne savons rien sur la résistance qu'opposèrent aux
envahisseurs arméniens les maîtres de l ' Ou r a r t o u , pas plus que
nous ne connaissons la résistance, en des circonstances analogues,
des habitants de la France mégalithique devant les Celtes, des
Minoens aux Achéens, des Pré-Iraniens aux Iraniens, des D r a v i -
diens ou des Mounda aux A r y a historiques. Ce q u i est certain,
c'est que cette résistance exista. Elle est attestée par Hérodote
qui, comme nous le verrons, distingue nettement des Arméniens
les anciens habitants de l ' Ou r a r t o u q u ' i l appelle Alarodiens,
les deux peuples coexistant encore de son temps
2
.
I l y a sans
doute lieu de tenir également compte de ce que nous d i t Xé n o -
phon dans l a
Cyropédie,
encore q u ' i l s'agisse là d ' un roman
historique, mais parce que nous y trouvons un renseignement
précis et q u i ne saurait être inventé. Xénophon, nous montre
en effet à l'époque d u r o i de Perse Cyrus (557-529) les Arméniens
guerroyant contre les Khaldes, c'est-à-dire contre les adorateurs
ou dieu K h a l d i , en cfautres termes contre les anciens Ourartiens.
Les Khaldes nous sont représentés comme de redoutables mo n –
tagnards ou , plus exactement, comme des gens q u i ont trouvé
dans les montagnes un refuge d'où i l s défient les attaques des
Aiméniens. Ceux-ci se sont rendus maîtres dès plaines, mais
sont encore loin d ' y j o u i r de la sécurité. Périodiquement les
Khaldes descendent de leurs hauteurs pour revenir piller dans
les vallées les établissements arméniens, après quoi ils se retirent
sur les sommets et y t r o u v e n t un asile inexpugnable
3
.
Ce passage, quel qu'en soit le contexte, îépond assez à ce que
nous pouvons imaginer de la situation en Arménie après l ' i n –
vasion arménienne. L a conquête, l'arménisation des vallées
d'abord, des hautes terres ensuite, d u t être une oeuvre de longue
haleine. Finalement la survie ourartienne se localisa au n o r d -
est du pays, à l'est d umassif de l ' A r a r a t , sur les deux rives d u
bas Ar ax e où, à l'époque d'Hérodote, nous verrons en effet
établis les « Alarodiens », c'est-à-dire les anciens Ourartiens
4
.
Le substrat caucasien dans la langue
arménienne
Les anciennes populations de l ' Ou r a r t o u , en a d o p t an t l a
langue de leurs conquérants arméniens, ne pouvaient manquer,
1.
Zeitschrift fur Ethnologie,
1901,
p .
181
et 209.
2.
H É R O D O T E , I I I ,
93-94,
et
V I I ,
73
et 79. Cf.
H . R A W L I N S O N ,
On the
Alarodians
of Herodotus
dans son
Herodotus,
t.
I V ,
p. 203-206.
3.
Cyropédie,
I ,
5 ;
I I ,
4 ;
I I I ,
1.
4.
Cf.
H É R O D O T E , I I I ,
93-94.
Fonds A.R.A.M