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L ' A R M É N I E
P R É A R M É N I E N N E
E n 681 Sennachérib f u t assassiné par son fils aîné, Ad a d -
N i n l i l (Adramélek). Le meurtrier, chassé par son frère Assar-
haddon, se réfugia dans l ' Ou r a r t o u . C'est là u n f a i t q u i , popularisé
par la Bible, devait v i v emen t frapper l ' ima g i na t i o n des Armé–
niens : ils feront d'« Adramélek » l'ancêtre d'une de leurs familles
princières, celle des A r d z r o u n i , et le n om de Sénéqérim (Senna–
chérib) sera repris par plusieurs de leurs rois
1
.
Règne de Rousa I I
Rousa I I , fils d ' A r g i c h t i I I , régna sur l ' Ou r a r t o u de 680 à
646.
L ' i n s c r i p t i o n de Zouarthnots près de VaZarchapat ( E t c hmi a -
dzin) nous le mo n t r e , à l'instar de ses aïeux, p l a n t a n t des vignes,
créant des jardins, creusant des canaux dérivés de la rivière
«
I l d a r o un i a n i », laquelle, d'après Ad o n t z , est l ' Ab a r a n ou
Kasagh, rivière d ' E t c hmi ad z i n
2
.
Nous avons v u que, sous le règne de Rousa I
e r
,
a v a i t eu lieu
aux confins septentrionaux de l ' Ou r a r t o u une première incursion
des Cimmériens — les G i m i r r i des sources assyriennes, — cette
horde de race thraco-phrygienne sortie des steppes russes et qui
ravageait alors l'Asie Mineure. Rousa I
e r
,
s'étant porté à l a ren–
contre de ces nomades, s'était f a i t b a t t r e par eux. Rousa I I
opéra u n renversement d i p l oma t i que . S'alliant aux bandes
cimmériennes, i l chercha à les opposer à l'ennemi héréditaire,
l'Assyrie (678). U n des chefs cimmériens, Tiouchpa, q u i condui–
sait ses convois 'de cavaliers et de chars à travers l'Anatolie,
v o u l u t attaquer la province assyrienne de Cilicie, mais i l se fit
repousser par les armées d'Assarhaddon dans le canton de
Kh o ub o u c hna qu ' on recherche d u côté de Cabissos, entre Sis et
Comana, et le monarque assyrien rétablit son autorité sur le
sud-est de la Cappadoce. Quan t a u x Cimmériens, ils allèrent
alors, au cœur du plateau anatolien, détruire le r oyaume phrygien
des Midas (« M i t a » des sources cunéiformes) (675). Nous verrons
les conséquences de cet événement pou r l'histoire que nous
écrivons i c i , les Arméniens historiques étant vraisemblablement
u n rameau de ces Phrygiens que la chute de leur État rejetait en
t r i b u s rompues sur les routes de l ' O r i e n t
8
.
Nous savons par
ailleurs que le r o i d ' Ou r a r t o u Rousa I I eut à guerroyer contre
les « Mo u c h k h i » de « M i t a ». Mo u c h k h i est en effet le n om sous
lequel les sources cunéiformes désignent les Phrygiens de l'État
gouverné par les Midas et les Gordios. Peut-être s'agit-il effective–
men t i c i de la première incursion des futurs Arméniens aux
frontières de l ' Ou r a r t o u et nous savons par nos sources que
1.
V o i r plus bas, p. 2 9 2 .
2 .
A p . A D O N T Z , p.
179.
3.
V o i r plus l o i n , p. 68-71.
Fonds A.R.A.M