L ' A R M É N I E
P R É A R M É N I E N N E
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été faite permet, nous l'avons déjà v u , de la rapprocher de
l'ancienne langue des Hourrites et Mitanniens, et l'ensemble
ainsi constitué est rapproché à son t o u r des langues actuelles du
Caucase, en l'espèce de la famille ibérienne ou géorgienne
h
Signalons t o u t de suite l'intérêt que l'histoire de l ' Ou r a r t o u
présente pour les études arméniennes. Cette « Arménie préarmé–
nienne » n'a pas disparu t o u t entière. De même que son onomas–
tique se retrouve dans la topographie arménienne classique,
l'élément ourartien, lors de la conquête « haïkane », devait se
survivre. Pour une bonne p a r t ce v i e u x peuple civilisé a formé le
substrat de l'Arménie indo-européenne. A i n s i l'élément précel–
tique en Gaule, l'élément égéen en Grèce, l'élément « susien » en
Perse, etc.
Le fondateur du royaume d ' Ou r a r t ou est le r o i Aramé q u i
réunit en une seule domination les principautés du Naïri (entre
880
et 844 environ, d'après la chronologie de N . Ad o n t z ) . Cette
œuvre d'unification est attestée par 1 t i t r e même que portèrent
depuis les rois d ' Ou r a r t o u :
erili-erilaue
«
r o i des rois ». Aramé
marqua d'une si forte empreinte les destinées du pays que son
nom est parvenu j u s qu ' aux Arméniens historiques : l'historien
Moïse de Khorèn fait de l u i le héros éponyme de l'Arménie.
Adontz pense qu'Aramé a d'autre p a r t donné son n om à la p r o –
vince ourartienne d ' A r am i l i (ou Ama r i l i ) q u i correspond à
l'Apahouniq classique
2
.
L a capitale d'Aramé était d'ailleurs
située dans cette région, à Ar z a c hkou , ou Ar z a c hk o un q u i corres–
pond d'après Ad o n t z à Ma n a z k e r t
3
.
Aramé était contemporain du conquérant assyrien Assour-
nazirapal
I I (884-859). Toutefois l'unification de l'ancien Naïri
sous les espèces du jeune royaume d ' Ou r a r t ou inspira assez de
respect au terrible r o i d'Assour pour que celui-ci évitât de s'atta–
quer directement au nouvel État. Assournazirapal se contenta
de faire des t r a v a u x d'approche, en soumettant plusieurs cantons-
frontières comme le K i r r o u r i (près de l'actuel Ravandouz, dans
le bassin supérieur du Grand Zab) et le Ka c h i a r i au t ou r du Mo n t
Masios des géographes grecs, les actuels monts de Ma r d i n (882).
En 879 i l conquit ainsi « le pays de Ma t i a t i » (M i d i y a d , dans le
Tour-'Abdîn) et le pays de Touchan (l'actuel K o u r k h , près
d'Amida) ; en 866 ce f u t le t o u r du « pays de K i p a n i » (région de
Hiçn-Kaifa) et un peu plus t a r d d u « pays d ' Ar qan i a », l'actuel
1.
Cf. A D O N T Z , p. 247 sq. R a p p e l o n s de n o u v e a u que les déchiflrements
d u v a n n i q u e sont donnés d'après l ' o u v r a g e et sous l a responsabilité d'A d o n t z .
2.
A D O N T Z , p. 81.
3.
Ibid.,
p. 81 et 183. « M a n a z k e r t est, n o t e A d o n t z , une ancienne v i l l e q u i
a une p o s i t i o n heureuse sur le b o r d de l ' A r s a n i a s , a u centre d u g r a n d n œ u d
de m o n t a g n e s d u Sipan, de l ' A l a d a g h et de Bingôl, à u n i m p o r t a n t p o i n t de
croisement de routes v e n a n t de tous les côtés, de V a n , de M o u c h , d ' E r z e -
r o u m et d ' E r i v a n . Ce sont là des qualités de c h o i x p o u r u n e capitale » (/. r.
p. 81).
Fonds A.R.A.M