16
L ' A R M É N I E
P R É A R M É N I E N N E
de Naïri, dans la région au sud du lac de V a n
1
.
P a rm i les princes
vaincus figure celui d ' A l z i que les orientalistes rapprochent de
l ' Az z i des annales h i t t i t e s
2
.
Avec le r o i d'Assyrie Téglatphalasar I
e r
(1116-1090),
les entre–
prises des Assyriens sur le pays q u i sera un j o u r l'Arménie méri–
dionale se précisent et, avec elles, grâce aux sources cunéiformes,
notre connaissance de cette région. Dès 1115 Téglatphalasar
soumit le pays de Qaria q u i semble correspondre à la vallée, du
Bo h t a n ou Tigre oriental, entre l'Assyrie et le bassin de Van,
ainsi que l'Isouwa, déjà mentionné par les annales hittites
(
Kémakh, Dersim et Kh a r p o u t )
3
.
E n 1114 i l g r a v i t le Taurus
arménien en se f r a y a n t un passage à travers les montagnes,
traversa l ' Eu p h r a t e oriental et a t t a qua « les v i ng t - t r o i s rois du
Naïri », c'est-à-dire de la région allant depuis Palou jusqu'à
Manazkert et au Bagrévand, à travers les massifs du Bingôl-
dagh et de l'Ala-dagh, bref le bassin de l'Arsanias, l'actuel
Mourad-tchaï, jusqu'au lac de V a n *. Téglatphalasar se vante
d'avoir soumis ces petits souverains et d'avoir a t t e i n t « la mer de
Naïri », c'est-à-dire le lac de V a n . « Les vastes pays de Naïri, je
les conquis en large et en long, je les réduisis à se soumettre à mes
pieds. » I l ne se retira qu'avec un b u t i n de 1.200 chevaux et
2.000
têtes de bétail. A u retour i l soumit Ma l a t y a .
Mais cette expédition n'eut pas de lendemain. Après Téglat–
phalasar I
e r
la puissance assyrienne subit une longue éclipse et
pendant ce temps se fonda dans la f u t u r e Arménie un grand État
indigène, l ' Ou r a r t o u .
Fondation
du royaume d'Ourartou. Règne
d'Aramé.
A l'époque de Téglatphalasar I
e r
,
le Naïri, la région dont le
Taurus arménien constitue l'ossature, nous était apparu morcelé
en un grand nombre de principautés. A u i x
e
siècle l'ancien
Naïri et plusieurs autres provinces de la future Arménie se
mo n t r e n t unifiés par un pouvo i r indigène capable d'une politique
continue, celui des rois de B i a i n i , c'est-à-dire du pays de V a n que
nous désignerons, avec les sources assyriennes, sous le n om de
rois d ' Ou r a r t ou
5
.
L a langue de l ' Ou r a r t o u commence à être
connue par les inscriptions dites « vanniques ». L'étude q u i en a
1.
D E L A P O R T E ,
Le Proche
Orient asiatique
(
Clio, 1938), p. 173.
2.
A D O N T Z , p. 46.
3.
Cf. A D O N T Z , p. 51.
4.
Ibid.,
p. 53-57.
5.
E n effet si à p a r t i r d u i x
e
siècle les sources assyriennes désignent le
payssous le n o m d ' O u r a r t o u (au l i e u d e Naïri), les rois d ' O u r a r t o u eux-mêmes,
dans leurs i n s c r i p t i o n s en a s s y r i e n , c o n t i n u e n t à e m p l o y e r le t e r m e de Naïri.
E t dans leurs i n s c r i p t i o n s en « o u r a r t i e n » ils s ' i n t i t u l e n t rois de B i a i n i 1
seigneurs de T o u c h p a , c'est-à-dire de l a v i l l e de V a n , l e u r capitale. Biaini.
pense A d o n t z , « était p r o b a b l e m e n t u n n o m d y n a s t i q u e de l a région de V
a v a n t C h a r d o u r i I
E R
».
Cf. A D O N T Z ,
I. C,
p. 213-215.
Fonds A.R.A.M