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P R I N C I P A T
D E S
B A G R A T I D E S
gouverneurs successifs, son sort f u t plus triste encore. E
n
octobre 853, Bogha q u i était venu assiéger Tiflis, p r i t l'émir ]
e
m i t en croix, le décapita et brûla la ville
1
.
I l y a lieu de signaler
que dans cette campagne Bogha avait été secondé par un p
r
i
n c e
bagratide, « le curopalate de Géorgie » Bagarat, prince du Klar-
djet, d ' A r t a n o ud j , de Ko l a v e r et d ' Ar t ahan , heureux de l'occa–
sion de détruire l'émirat r i v a l en ayant l'air de faire sa cour au
khalife
2
.
Bogha alla ensuite plus au nord réduire les Tzanar, farouches
montagnards chrétiens des sources de l ' A r a gw i et de l'Alazan
3
.
Ce
fut là que l'émir toujours victorieux v i t échouer sa fortune. A
ses menaces, les montagnards, inaccessibles dans leurs repaires
répondirent en l u i r env o yan t ses messagers, « régalés d'une bonne
bastonnade ». « Le pied de la montagne était cerné par les batail–
lons arabes comme par une me r don t les vagues, poussées par
la violence du vent, auraient déferlé à l'entour. Le combat se
poursuivit depuis l'aurore j us qu ' aux dernières clartés du jour»;
mais tous les assauts furent repoussés avec des pertes énormes,
Bogha ne p u t t r i omphe r de la résistance caucasienne
4
.
Campagne de Bogha en Aghouanie et en Siounie
Cet exemple encouragea le prince de Khatchèn ou Artzakh en
Aghouanie, Ab o u Mousé Isaï, q u i , en dépit de son nom d'appa–
rence arabe, était, en réalité, u n excellent nakharar, défenseur du
christianisme en ces confins
5
.
Sommé de se soumettre par
Bogha, i l résolut de résister (fin de l'année 853). Bogha établit
son quartier général à Bardaa, ville voisine qu i , depuis que Dwin
était au pouvoir d'émirs dissidents, j o u a i t le rôle de capitale des
gouverneurs khalifaux en Arménie. Là encore, Bogha connut un
échec. Tous ses assauts se brisèrent contre la résistance des
Aghouans retranchés dans leurs montagnes
6
.
L'émir était en proie
au découragement quand le sparapet Sembat Ablabas, prince de
Bagaran, qu i se t r o u v a i t auprès de l u i , l u i rendit confiance '.
On peut s'étonner d'une telle a t t i t u d e de la p a r t du Bagratide
qui allait, peu après, mériter en face de la persécution musul-
1.
T H O M A S , I I I , c h . i x , p. 141-142. A S O Z I K , I I , c h . n , p. 137.
Histoire de
Géorgie,
p. 266. M A S ' O U D I ,
Prairies
d'or,
I I , p. 65-66. Cf. L A U R E N T , p. 321.
2.
Cf. L A U R E N T , p.
109.
3.
S u r les T z a n a r , cf. B R O S S E T ,
Historiens
arméniens,
I , p. 609-613, et
L A U R E N T , p. 14-16.
4.
T H O M A S , I I I , ch. x , p. 143-144. Cf. D A G H B A S C H É A N , p. 32. GHAZAMAN,
p. 53. T H O P D S C H I A N , p. 128.
5.
T H O M A S , I I I , 10, p. 145. — A b o u Mousé Isaï était fils d'Aternersèh qui,
à son patrimoine dans l a Siounie occidentale, avait ajouté par voie de con–
quête vers 827-829 le pays de Khatchèn, dans l'Aghouanie et qui se qualifiait
de roi des Aghouans. V o i r plus haut, p. 351 Cf. L A U R E N T , p. 113.
6.
T H O M A S , I I I , 10, p. 146-148.
7.
T H O M A S , I I I , 10, p.
147.
Fonds A.R.A.M