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P R I N C I P A T D E S B A G R A T I D E S
restèrent sur le champ de bataille. On raconta qu'au p l
u s
t
du combat, on a v a i t v u apparaître dans les rangs des chréti
«
un guerrier l umi n e ux monté sur un cheval blanc, vêtu d'm
robe brillante, scintillant comme l'étoile du ma t i n et tenant de la
droite une épée, de la gauche u n encensoir plein de parfums »
figure d'archange surgie pour me t t r e en fuite les Infidèles
l
.
Toutefois, peu après ce dernier t r i omphe , Gourgèn Ardzrouni
se laissa prendre au piège q u ' i l a v a i t jusque-là évité. S'étant
présenté devant l'émir Bogha, i l reçut de l u i l a couronne de Vas.
pourakan. « Bogha m i t sur sa tête la couronne princière, le cou–
v r i t d'habits précieux, l u i ceignit l'épée, le f i t monter sur un
mu l e t splendide, suivi et précédé d'étalons richement parés et
bardés de fer. A u b r u i t des trompettes, au roulement des tam–
bours, entouré de porte-verges et de porte-haches pour écarter
la masse populaire, un héraut proclamait l'avènement de Gourgèn
chargé de la principauté à l a place de son frère Achot », — après
quoi Bogha, j e t a n t le masque, f i t arrêter et charger de chaînes
l'infortuné Gourgèn q u ' i l envoya rejoindre Ac ho t dans les cachots
de Sâmarrâ
2
.
L e u r mère, l a princesse Rhipsimé, partagea h
sort. Leu r dernier frère, Grigor A r d z r o un i , s'enfuit jusque chez
les Aphkhazes
3
.
Quant à l ' Ar d z r oun i en de branche cadette que
nos sources appellent « Gourgèn fils d'Aboubeldj », i l se retira
chez son oncle maternel, K o u r d i k Mami k o n i a n , au Bagrévand
Puis, comme Bogha menaçait aussi le Bagrévand (il y capturera
effectivement le prince Grigor Mami k o n i an fils de Kourdik,
q u ' i l enverra avec les autres prisonniers à Sâmarrâ)
4
,
le fils
d'Aboubeldj s'enfuira à temps jusqu'à Sper, dans la vallée à
Tc ho r o kh , où la proximité de la frontière byzantine lui assurera
la sécurité
5
.
Après avoir saccagé le Vaspourakan que la chronique de Thomas
nous mon t r e réduit à l'état de désert, Bogha alla hiverner à
Dw i n (hiver 852-853). I l y fit vendre comme esclaves les innom–
brables captifs ramenés de ses campagnes, et martyriser plu–
sieurs confesseurs q u i refusaient d'apostasier. Le martyrologe
arménien a retenu les noms d ' A t om Antzévatsi (du bourg
d'Osiran ou Orsirank, dans l'AZbag), de Mlèh Varajnouni et de
Géorg Palkatsi q u i furent ainsi décapités ou crucifiés à Dwin après
avoir f a i t preuve d'une constance et d'un courage admirables.
Ce sont les saints « Atomiens » dont le ma r t y r e eut lieu le
1.
T H O M A S , I I I , 4, p. 121-125. Cf. L A U R E N T ,
Un féodal arménien, R- E- -
l
-
1922,
p. 165.
2.
T H O M A S , I I I , 5, p. 125-127.
3.
T H O M A S , I I I , x m , p. 159. Cf. L A U R E N T ,
L'Arménie...,
p. 120.
.
4.
L a captivité de Grigor Mamikonian, qui refusa d'apostasier, est attes
par V A R D A N , I V , 1, trad. M U Y L D E R M A N S , p. 125.
, .
J„
5.
T H O M A S , I I I , X H I , p. 155-156. Cf . L A U R E N T ,
Un féodal arménien"
IX' siècle, Gourgèn Ardzrouni, fils d'Aboubeldj, R. E. A.,
I I , 2, 1922, P- «
168.
Fonds A.R.A.M