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P R I N C I P A T
D E S
B A G R A T I D E S
i l alla ensuite, avec une partie de ses troupes, saccager l'A
houniq, au nord du lac de Va n , tandis que son lieutenant
Zirt
avec le reste de l'armée, dévastait au sud d u lac le canton ri
itechtouniq. Les habitants du Jtechtouniq s'étant réiW
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dans la vallée d ' Ar ouanq , aux confins du district de Mok
Z i r ak les y relança, en massacra u n grand nombre et réduisit]
reste en esclavage.
Pa r t o u t Bogha et Z i r ak faisaient le vide dans les bourgs et
les campagnes. « Ha b i t a t i o n s , villages et champs étaient ince
n
diés, dépeuplés d'hommes et d'animaux
1
. »
Thomas Ardzrouni
énumère toutes les dévastations commises dans cette région
«
A y a n t pris le bourg de iîamik-NoragiouZ dans le -Rechtounig
ils conduisirent les gens au marché de la résidence, la corde ail
cou, à la pointe de l'épée. De là ils se portèrent dans la vallée
d'Adzan, à la recherche des fuyards, les atteignirent par derrière
et en tuèrent ou en p r i r e n t beaucoup
2
. » —
Bien entendu, il y
eut, sur plusieurs points, de victorieuses résistances. Thomas
A r d z r o un i nous montre les bergers de la vallée de .Ramakats-
tzor décimant, d u bombardement de leurs frondes infaillibles
les colonnes ennemies au fond des défilés ; mais les envahisseurs
se vengeaient sur les personnalités q u i tombaient entre leurs
mains. Ce f u t ainsi que le vénérable Abousahak Vahévouni,
frère de l'évêque de Na kh i t c h e v an , eut la tête tranchée pour
avoir refusé d'apostasier
3
.
D u iîechtouniq, Zirak se porta
ensuite sur la ville de Va n . Thomas signale i c i l'incendie de « la
grande église du bourg d ' A r t ame t ».
Le prince de Vaspourakan, Ac ho t Ar d z r o un i , contre qui tout
cet armement était finalement dirigé, s'était enfermé dans le
château fort
(
dïéak)
de Nk a n , dans le district de Thornavan
(
Tchors), avec plusieurs de ses vassaux et divers membres de sa
famille. Bogha v i n t l ' y assiéger en établissant son camp dans
le bourg de Lo k o r o v a t . Ac h o t A r d z r o un i croyait la forteresse
imprenable, et peut-être l'était-elle effectivement. Tandis que
l'armée ennemie couvrait la campagne, « i l se promenait sur le
rempart, t e l un lion, avec des airs de dédain, t a n t i l était intré–
pide et c omp t a i t pour rien les envahisseurs q u i le tenaient cerné.
C'est q u ' i l se reposait sur la loyauté de ses lieutenants »
4
.
Mal–
heureusement cette confiance était exagérée. Deux de ses prin–
cipaux vassaux q u i s'étaient enfermés avec l u i à Nkan, Mouche/
Vahévouni et Vahan T r o u n i , écrivirent à Bogha pour proposer a
l'émir, si celui-ci leur accordait
l'aman,
de l u i livrer leur suze–
rain. « Permets-nous d'aller résider paisiblement dans nos terres,
1.
T H O M A S , I I I , § 2, p.
110.
2.
T H O M A S ,
ibid.,
p.
111.
3.
T H O M A S , I I I , 2, p. 111-112.
4.
T H O M A S , I I I , 2, p. 114.
Fonds A.R.A.M