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P R I N C I P A T D E S B A G R A T I D E S
et son armée s'en retournèrent en glorifiant le Christ
1
Ce f u t Chapouh Ba g r a t o un i , frère d ' Acho t Msaker, qui p
Q
"
le dernier coup aux ambitions des Qaïsites. « Chapouh, continu
Va r dan , ayant fait une incursion dans la région de Dw i n et ayant
pris beaucoup de b u t i n , s'en retournait ». Les habitants de Dwin
crurent le momen t propice" pour se révolter : « L'armée (<j
es
Arabes) sortit de la ville afin de poursuivre Chapouh. Les
citadins de Dw i n se lancèrent alors sur A b d al-Malik, le tuèrent
puis fermèrent les portes de la ville. Les troupes arabes étant
revenues et ayant appris ce q u i s'était passé, se dispersèrent
2
»
I l résulte du contexte que la population de Dw i n avait bien
profité d'une expédition conduite dans la région par Chapouh
Ba g r a t oun i pour se révolter contre l'émir qaïsite A b d al-Malik
et le massacrer, mais qu'ensuite les troupes musulmanes réoccu–
pèrent la ville et se vengèrent d'elle par une série d'exécutions.
Mais un autre passage de la même source veut que ce soit
Acho t Msaker en personne q u i a i t tué ' Ab d al-Malik en le
pourfendant en deux (après 820)
3
.
Quoi q u ' i l en soit, un fait est certain, c'est que, l'émir qaïsite
s'étant révolté contre l'autorité khalifale, les Bagratides s'étaient
déclarés les soldats, les vengeurs des droits du khalife et naturelle–
ment, après de tels services, ce dernier ne pouvait que fermer les
y eux sur les empiétements d'aussi fidèles serviteurs. Quant aux
Byzantins, ils n'avaient pas manqué de profiter des embarras
des Arabes pour leur enlever la ville-frontière de Kamakha
(816) \
Hâtons-nous d'ajouter que ces luttes des Bagratides contre
l'émirat qaïsite de Manazkert étaient toujours pleines de péril.
Vers 824, d'après les évaluations du Père Mariés, Achot Msaker
et son frère Chapouh livrèrent au nouvel émir qaïsite Sévada une
bataille dans laquelle périt Chapouh. Va r d an , à qu i nous devons
ces indications, nous apprend qu ' Ac ho t Msaker prit soin des
orphelins, ses neveux, « et les établit en sûreté à A n i »
5
. —
Rappe–
lons que ce f u t à l a demande de ce Chapouh que l'historien
Lévond écrivit son histoire des luttes des Arméniens contre
les Arabes
8
.
Pour l'histoire des idées, i l y a lieu de signaler sous le principat
d'Achot Msaker l'action exercée par Ep i k o u r h a ou Aboûqara,
1.
V A R D A N , trad. M U Y L D E R M A N S , I I I , 4, p. 115. Cf. M A R I E S ,
Un commen–
taire de Nonnos de Nisibe, R. E. A.,
I , 3, 1921, p. 281-282. Aussi trad.
M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p. 452-453.
2.
V A R D A N , trad. M U Y L D E R M A N S , I I I , 4. p. 115. Traduction différente de
M A R I É S
l. c..
p. 282.
Cf.
aussi trad. M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p. 404-405.
3.
V A R D A N , ap. M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p. 404. Cf. L A U R E N T , p. 322, n-
4.
A S O / I K , I I , 6, trad. G E L Z E R et B U R C K H A R D T , p. 106. S A M U E L D A M
p. 421. Cf. L A U R E N T , p. 211, n. 4.
5.
V A R D A N , trad. M A R I É S ,
R. E. A.,
I , 3, 1921, p. 283 et trad. MUYLDEB-
M A N S , I I I , 5, p. 118.
6.
Cf. A K I N I A N ,
Handes Amsorya,
1922,
p. 515 sqq.
Fonds A.R.A.M