P R I N C I P A T
D E S
B A G R A T I D E S
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r a n
i
e n
s , Tâhirides, puis Sâmânides en Transoxiane et au K h o -
r
assan, ou Bouïdes en Perse occidentale, ou même les émirs
arabes, comme les Hamdânides à Mossoul et à Alep. L a fortune
jes Bagratides viendra de ce qu'ils se t r o u v e r o n t en place à
l'heure du lotissement féodal de l'empire abbâsside par régions et
a r
nationalités, qu'ils en seront les bénéficiaires en ce q u i con–
cerne l'Arménie et qu'ils en feront, du même coup, bénéficier
le peuple arménien.
Pour le momen t i l n'était certes pas question de cela, et Ac ho t
Msaker faisait figure de fidèle vassal du khalife en l u t t a n t contre
les seigneurs indociles. Ce n'était pas sa faute si le plus t u r b u –
lent d'entre eux, celui contre lequel s'extrça la majeure partie
je son effort, était u n musulman, l'émir arabe de Manazkert,
le fameux D j ahap , de la maison des Qaïsites, lequel, sans la
permission du khalife, son maître, prétendait s'approprier les
dépouilles des Arméniens Ac ho t enleva donc à D j aha p la partie
de l'Archarouniq que cet émir tenait de son mariage avec une
princesse mamikonienne. « I l l u i reprit de même l'Achotz, le
Taîq oriental où i l construisit la forteresse de K a l ma k h , sur le
moyen Tchorokh, et même le Tarôn où i l fonda la place forte
d'Aoudz
2
. »
Si l'on ajoute à ces reconquêtes, faites au détriment
de l'occupant arabe, le reste de l ' Ar c ha r oun i q et le Chirak achetés
aux Kamsarakan, on verra que le « Carnivore » s'était reconstitué
une belle principauté dominant sans conteste t o u t le N o r d -
Ouest arménien, sans parler de l'enclave méridionale du Tarôn.
Remarque significative : c'était en partie l'ancien territoire
même des Mami k o n i an au temps où ces derniers avaient possédé
l'hégémonie en terre arménienne. Certes, ces succès étaient dus
avant tout à la valeur militaire d'Achot Msaker, Ac ho t Qatj ou
le Brave, comme l'appellent aussi les chroniqueurs. Va r dan
nous raconte comment, avec 200 cavaliers et 300 fantassins,
il avait lutté victorieusement contre D j ahap qu i envahissait le
Tarôn
3
.
Mais la diplomatie d'Achot consolida son œuvre. Sa
réussite même aurait p u risquer de provoquer contre l u i la
coalition des
nakhararq
arméniens ou des émirs arabes alarmés.
•
Jais i l semble qu ' Acho t Msaker a i t été aussi habile politique
que vaillant guerrier. Son principal r i v a l éventuel dans la féoda-
1.
Cf. V A R D A N , p. 105, dans B R O S S E T ,
Collection
d'historiens
arméniens,
I, p. XIII, et ap. M A R Q U A R T ,
Streifzûge,
p. 403,-404.
2-
L A U R E N T , p. 104. Source : V A R D A N , éd. Émin, p. 98-99, dans D A G H –
BASCHÉAN, p. 64, et dans M A R Q U A R T ,
Streifzûge,
p. 404-405 et 458. S u r
•
joudz, H U B S C H M A N N ,
Ortsnamen,
p. 479. S u r K a l m a k h , B R O S S E T ,
Histoire
'"
la Géorgie,
I I ,
Additions,
p. 159 et H O N I G M A N N ,
Ostgrenze,
p. 220.
,:
Y A R D A N , éd. Émin, p. 99. Cf. D A G H B A S C H É A N , /.
c.,
p. 65. « U n jour
lu u était en prières, dit encore V a r d a n , il fut cerné p a r les ennemis, mais ce
spectacle ne l'empêcha pas de continuer jusqu'àla fin son entretien avec Dieu.
Ws, marchant en a v a n t , il pourfendit deux chefs ennemis et tailla en pièces
Pfes de 600 hommes » ( V A R D A N , p. 63, trad. B R O S S E T , dans
Histoire de la
^'S'e,
I , p. 261 et trad. M U Y L D E R M A N S , I I I , 3, p. 112.)
Fonds A.R.A.M