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L ' A R M É N I E
E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
t r a v a i l l a n t ainsi, l u i aussi, à la sémitisation de l'Arménie i
Le dixième
ostikan
arabe f u t un certain Soulaïmân ibn-Ya/vl
que Lévond me t en rapports avec le patriarche Yesaï I
e r
«('
Ér
patrouch
2
,
lequel occupa le siège pontifical de 775 à 788 envi"
ron
3
.
Soulaïmân envoya comme représentant à Dwin
Sfffl
propre gendre Ibn-Doké, u n métis, fils d'une esclave grecque, an'
m i t le comble à l'oppression fiscale arabe en doublant d'un'seul
coup les impôts de l'Arménie. De nouveau, les paysans, aban–
donnant aux Arabes leurs t r oupeaux de moutons et de bestiaux
émigrèrent en masse. Douze mille hommes, avec leurs femmes et
leurs enfants, se réfugièrent ainsi en territoire byzantin sous la
direction de Chapouh Ama t o u n i et de son fils Hamam (791) )
A i n s i p r i t définitivement fin la principauté des Amatouni dans
l'Aragadzotn (province de l'Aïrarat) où ils avaient eu longtemps
leur capitale et leur évêché à Osakan
5
;
ils ne devaient plus
conserver par la suite, — et seulement comme vassaux des
A r d z r o un i , princes du Vaspourakan —, que le district de Makou,
dans l ' A r t a z
6
.
Quant à Chapouh Ama t o u n i , aux nakhararq et
à la population rurale q u i avaient pris avec l u i le chemin de
l'exil, les Arabes se lancèrent à leur poursuite et les rejoignirent
dans le district de K o l (Ko l av e r ) sur la frontière géorgienne où ils
leur tuèrent du monde. Les émigrants purent cependant traverser
l'Akampsis ou T c h o r o kh au delà duquel ils se trouvèrent en
territoire b y z an t i n . L'empereur Constantin V I leur y ménagea
un excellent accueil. « I l accueillit honorablement les
nakhararq
et leur cavalerie et donna à la basse classe, pour s'y établir, de
bons et fertiles terrains
7
. »
L'émigration arménienne vers les
districts orientaux de l'Asie Mineure devait ainsi se poursuivre
pendant t o u t le cours du hau t moyen âge, du v m au x i
e
siède.
Pendant ce temps en Arménie le peuple subissait une oppression
croissante. Ibn-Doké, installé à D w i n , profita, nous d i t Lévond,
de la mo r t du patriarche Esaï (788) et de la vacance du siège
pontifical pour se faire livrer le trésor de la basilique de cette
ville, ornements et vases sacrés. I l en garda une partie pour lui
et ne rendit le reste que contre une énorme contribution qui lui
fut versée par le nouveau patriarche, Stéphannos I
e r 8
.
1.
Y A ' Q O U B I , /. c.
2.
Y e s a i I
e r
était fils d'une mendiante. II était né à EHpatrouch, dans le
district de N i g , dans l'Aïrarat. I l avait été évêque du Go/ten. Cf. Asote.
p. 133-134.
3.
O R M A N I A N , p. 175.
4.
Date admise p a r L A U R E N T , p. 193, 194.
5.
G E L Z E R ,
Anfànge der Armenischen
Kirche
(1895),
p. 173. HUBSCHMANV
Armenischen
Ortsnamen,
p. 252. L A U R E N T , p. 116.
6.
L A U R E N T , p. 116, n. 4.
7.
L É V O N D , p. 162. Même récit dans A S O Z I K , p. 161-162.
8.
Stéphannos I " de D w i n , patriarche de 788 à 790 d'après Ormanian.
Cf. L É V O N D , p. 162-163. Mais peut-être le décès de Stéphannos ne se! pro–
duisit-il qu'en 791 ( L A U R E N T , p. 341.) I l fut remplacé p a r So/omon r
0
G a r n i , abbé de Makhénots en Siounie (791-792).
Fonds A.R.A.M