L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
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Si des groupes entiers d'Arméniens, leurs
nakhararq
en tête,
igraient en territoire b y z an t i n pour fuir des persécutions par
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odieuses, l'hospitalité byzantine était loin de constituer
îr eux un asile de toute sécurité. L ' a dmi n i s t r a t i o n impériale
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hésitait pas à disposer à son gré des éléments arméniens placés
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s sa coupe. Ce f u t ainsi qu'en 794 de nombreux Arméniens
furent, par ordre de Constantin V I , transportés de force en Sicile
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Arméniens répondaient à ces mesures en se retournant, le
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échéant, vers les Arabes. Ce f u t ainsi qu'entre 793 et 795
ils livrèrent à ces derniers la place byzan t i ne de Kama k h a
(
Kâmâkh), dans la province de Darana/iq, sur le hau t Euph r a t e
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.
H est vrai que vers cette époque, l'Arménie pouvait, par moments,
se sentir solidaire des Arabes en face des Turcs Kha z a r qu i , de
leurs steppes de la Russie méridionale, vers la basse Volga, le
Kouban et la mer d'Azov, menaçaient toute l a Transcaucasie.
En 799-800, les K h a z a r s'emparèrent de Tiflis et capturèrent
le prince ibère Djouancher, fils d ' A r t c h i l , événement q u i eut peu
après i orrme contre-coup l ' e x t i n c t i o n de la dynastie khosroïde de
Géorgie
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.
Seule de ce côté, comme le remarque Lau r e n t , échappa
à l'écrasement de la féodalité géorgienne la branche de la famille
bagratide qu i , avec Vasak de Tarôn, avait en 772 émigré, comme
on l'a vu, du Tarôn au K l a r d j e t h (province de Ko l a ver, région
d'Ardahan). Sans doute les Kha z a r (dont les sympathies by z an –
tines duraient toujours depuis Héraclius et Justinien I I ) furent-
ils impressionnés par le f a i t que les Bagratides du K l a r d j e t h
s'étaient placés sous la protection directe de l a cour de Constan–
tinople : depuis Vasak de Tarôn devenu Vasak de K l a r d j e t h ,
son fils Adarnasé et son petit-fils Ac ho t , tous ces Bagratides de
Géorgie portaient en effet le t i t r e b y z an t i n de curopalates. Par
ailleurs, ils avaient su rester en étroite alliance avec leur cousin,
le bagratide du Chirak, Ac ho t Msaker, et ce faisceau constituait
en Transcaucasie une force imposante. De ce fait, le désastre
qui s'abattit sur la féodalité ibéro-géorgienne à la fin du v m
e
siècle
profita finalement aux Bagratides du K l a r d j e t h que nous verrons
recueillir bientôt la succession des rois indigènes d'Ibérie
4
.
Mais pour l'Arménie, ce furent les Arabes, i l faut bien le recon–
naître, qui, cette fois encore, la protégèrent : le gouverneur
arabe Yazîd ibn-Maziyad ach-Chaïbànî — dont ce f u t le
t. T H É O P H A N E , p. 4 6 . Cf. G E L Z E R ,
Genesis der byz.
Themenverfassung,
TO, p. 95. G A Y ,
L'Italie
méridionale et l'empire
byzantin,
1 9 0 4 ,
p. 1 8 2 - 1 8 3 ,
591.
L A U R E N T , p. 1 9 8 .
2.
THÉOPHANE. p. 4 6 5 - 4 6 9 (notamment 4 6 9 - 1 6 ) . G E O R G E S L E M O I N E , p. 6 6 7 .
|-EDRENOS, I I . p. 2 4 - 2 6 . Z O N A P A S , X V . c h . X I - X I I . Cf. L A U R E N T , p. 1 9 8 .
HOXIGMANN,
Ostgrenge.
p. 5 7 .
J-
T A E A R I , I I I , p. 6 4 7 - 6 4 8 .
Histoire de Géorgie,
p. 2 5 8 - 2 6 0 . Cf. M A R Q U A R T ,
wn/zuje, p. 5 et 4 1 6 . L A U R E N T , p. 1 0 0 et 1 7 2 .
4
-
Histoire de Géorgie,
t. I ,
Chronique
géorgienne,
p. 2 4 9 . V A R D A N , ap.
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traduction M U Y L D E R M A N S , I V , 2 , p. 1 2 6 .
;
R E N T , p. 9 9 - 1 0 0 .
Fonds A.R.A.M