L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E A R A B E
337
le Seigneur du fond de son cœur. Ses lèvres ne remuaient pas.
5
a voix n'était entendue de personne. Son âme était comme
secouée de violents sanglots intérieurs et i l suppliait D i eu de
l'assister
1
. »)
Seul le troisième des princes ardzrouniens, Méroujan,
se sauva par une feinte a b j u r a t i o n
2
(6
janvier 785). Notons
rm'en ces mêmes années 785-786, si la chronologie des annales
Géorgiennes a quelque valeur, les Arabes auraient martyrisé
aussi le r o i ibère A r t c h i l qu'ils firent suspendre pieds e t mains
liés et couper en deux
3
.
L'administration
directe arabe
dans les dernières années du V I I I siècle
Nul doute q u ' i l n ' y a i t eu à cette époque à la cour de Baghdad
_
alors à l'apogée de sa puissance —, l a volonté d'assimiler,
d'arabiser l'Arménie. Le libéralisme des khalifes omayyades
avait fait place chez les khalifes 'abbâssides, à une politique
d'administration directe f o r t oppressive. A cet effet,
Yostikan
Khozaïma avait remis en état les routes militaires de Dw i n et de
Xakhitchévan, voies d'accès au cœur de l a citadelle arménienne.
Yoûsouf ibn Râchid as-Soulamî, q u i , comme on v i e n t de le voir,
lui succéda vers 786, transplanta enArménie une foule d'Arabes
Nizârites, si bien que, sous son gouvernement, les Nizârites
dominèrent en Arménie
4
.
L e gouverneur arabe suivant, Yazîd
ibn-Mazyad, transplanta de même en Arménie beaucoup de
Rabî'a « qui y sont encore a u j o u r d ' hu i en majorité », assure
Ya'qoûbî sous la date des années 891-892
5
.
Les mêmes sources
arabes nous disent, que Yazîd t i n t le pays « en ordre » et que per–
sonne ne bougea
6
;
entendons par là que t ou t e t e n t a t i v e de
libération f u t durement réprimée. Jean Ka t h o l i k o s l u i attribue,
sous le patriarcat de Ho v a b de D w i n (790-791), le pillage d u
monastère de St-Grégoire à Bagavan (Bagrévand) et l'exécution
des moines, bien que l'épisode q u i nous est i c i raconté a i t déjà
été inséré plus hau t avec les mêmes détails (un esclave mu s u lman
étranglé par ordre de l'osdigan et le cadavre disposé près d u
monastère, ce q u i permet d'inculper de meurtre les religieux)
7
.
L'osdigan suivant, A b d a l - Ka b i r a l ' Addaou i , pendant ses trois
mois de gouvernement, eut le temps d ' imp l an t e r en Arménie
beaucoup de gens du Diyàr-Moudar, c'est-à-dire de l'Osrhoène,
J. LÉVOND, p. 158.
2.
LÉVOND, p. 160. _.
S-
JEAN K A T H O L I K O S , p. 100.
-'
X
A
|
Q 0 U B I
> H . P - 515 sq. Cf. M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p . 454.
*
Y A ' Q O U B I ,
Histoire,
I I , p. 515. Cf. M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p. 454.
Cf. L A U R E N T , p. 341.
'•
JEAN K A T H O L I K O S , p. 96-98. Mais M U Y L D E R M A N S (p. 109, n. 3) fait
tn
S
"
on
6
r C
'
u e
'
e m a s s a c r e
des 40 religieux a u Bagrévand sur l'ordre de Yazîd
'»0
est à distinguer d umassacre d u Sévan. plus haut raconté.
3
ify°
N
T?' ? '
1 6 0 ,
C f
'
histoire de la Géorgie,
t. I , p. 253-256
Fonds A.R.A.M