L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
335
troupes qui b a t t i r e n t les Arabes en Cilicie et dans le Taurus en
778
*•
Après avoir, pendant v i ng t - d eux ans, b r i l l amme n t servi
Rvzance, i l se t r o u v a i t stratège du thème des Buccellaires,
quand l'avènement de l'impératrice Irène (780) entraîna sa
disgrâce-
Tadjat Antzévatsi n eut alors d'autre ressource que de deman–
der un sauf-conduit à l'armée arabe q u i se t r o u v a i t en difficulté
s l i r
la frontière anatolienne et que, pour commencer, i l aida à
sortir d'une situation fâcheuse
2
.
L e khalife al-Mahdî accueillit
avec empressement ce vassal repentant. Les Antzévatsi étaient
une maison féodale secondaire q u ' i l était heureux de pouvoir
opposer aux Ba g r a t o un i et aux A r d z r o u n i t r o p puissants. L e
canton d'Antzévatsik, patrimoine de Ta d j a t , au sud-est d u lac
de Van, au sud-ouest de la principauté de Va spour akan , s'en–
fonçait, comme le remarque Laurent, dans le territoire des
Ardzrouni. L a politique arabe avait là u n moyen de freiner l a
puissance croissante de ces derniers
3
.
L e khalife al-Mahdî donna
donc à Tadjat Antzévatsi le principat d'Arménie. « I l le combla
de présents et, après l'avoir investi de la dignité de co mma n -
dant de l'Arménie, i l l ' y envoya, entouré de beaucoup de pompe
et de magnificence
4
. ».
Mais le régime arabe en Arménie reposait sur une organisa–
tion assez curieuse. I l c ompo r t a i t un commandement militaire
arménien — le t i t u l a i r e en était a u j o u r d ' hu i le chef des Antzé–
vatsi — et un gouverneur arabe auquel le premier était naturelle–
ment subordonné. E t i l était rare que ce dualisme n'entraînât
pas un* désaccord. C'est ce q u i se produisit maintenant. Le gou–
verneur arabe, Othmân ihn-'Omâra ibn-Khozaïma, p r i t ombrage
de l'élévation de Ta d j a t et s'efforça par tous les moyens de l ' en –
traver, allant jusqu'à intercepter les rapports que celui-ci
envoyait au khalife. Cette opposition devait être d ' au t an t plus
redoutable que nombre de
nakhararq
refusaient d'obéir au
nouveau prince et le calomniaient dans l'esprit des Arabes
comme un homme q u i , ayant travaillé pendant si longtemps
pour les Byzantins, ne manquerait pas de leur revenir. Les
Ardzrouni, no t ammen t , le combattaient sans merci
5
.
Cependant la guerre défensive contre les Kha z a r a v a i t repris
aux Portes Caspiennes, c'est-à-dire au pas de Derbend, du côté
de l'Aghouanie. Othmân ibn-'Omâra accompagné de Ta d j a t
Antzévatsi et de plusieurs autres
nakhararq
dont Nerseh Kams a –
rakan, alla camper dans la plaine de Kéran. On était en été, i l
1.
L É V O N D , p. 1 5 0 . T H É O P H A N E , p. 4 5 1 . Cf. J . L A U R E N T .p. 1 9 5 .
2.
L É V O N D , p. 1 5 3 - 1 5 4 . .
3.
L A U R E N T , p. 9 7 - 9 8 .
4.
L É V O N D , p. 1 5 4 .
.
jj. L É V O N D , p. 1 5 5 . Cf. M A R Q U A R T ,
Streifzùge,
p. 4 5 3 . T H O P D S C H I A N , p.
Fonds A.R.A.M