L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
ARABE
333
n
d et en présence des progrès de l'émir D j aha p , installé t o u t
1
s d'eux par son mariage avec uneMami k o n i a n , i l s se rési–
dèrent à vendre leurs domaines de l ' Ar c ha r o un i q et d u Chirak
°ux Bagratouni et à se me t t r e sous leur protection »
1
.
I l en alla
je même pour les Gnouni. Ceux-ci possédaient « depuis les
temp
s
les plus reculés » le canton de l'AZiovit, avec la ville de
Manazkert. Mais après l a m o r t de Va h a n Gnouni (Vahan Da c h -
nak) sur le champ de bataille d u Bagrévand, ils ne tardèrent pas
à abandonner leur pa t r imo i n e de l'AZiovit, leur résidence de
Manazkert q u i tombèrent aux mains de l'émir D j aha p . D j aha p
fonda à Manazkert la dynastie des émirs Qaïsites don t nous
verrons les destinées
2
.
L e prince bagratide Ac h o t Msaker
(806-827)
devait, on le verra, faire une dernière t e n t a t i v e pour
défendre les Gnouni contre le Qaïsite ' A b d al-Malik, fils de l'émir
Djahap : entre 820 et 827 i l s'avança à la tête de mille guerriers
dans l'AZiovit et « pourfendit en deux » ' A b d al-Malik, mais i l ne
tarda pas à se rendre compte que l a partie n'en était pas moins
perdue, car i l réunit tous les membres de l a famille Gnouni avec
leurs biens et, abandonnant Manazkert à l'émirat qaïsite, i l
les emmena avec l u i et les établit en territoire bagratide, au
Taïq
3
.
Ainsi, soit immédiatement, soit à échéance d'un demi-siècle,
le désastre du Bagrévand, comme le marque bien J . Lau r e n t ,
eut pour résultat de déposséder une partie de l'ancienne aris–
tocratie arménienne en ne laissant subsister que les maisons
hégémoniques des Ba g r a t o un i dans le n o r d et des A r d z r o u n i
dans le sud-est. Les autres familles princières ayant p r a t i qu e –
ment disparu dans l a tourmente, la victoire arabe se t r o u v a i t
avoir indirectement mais nettement profité à ces deux maisons.
Résultat inattendu, q u i ne p o uv a i t qu'entraver désormais la p o l i –
tique arabe, habituée pendant si longtemps à jouer de l a jalousie
des maisons secondaires contre les maisons hégémoniques, à jouer
aussi de la rivalité des Mam i k o n i a n et des Kams a r akan contre
ies Bagratouni. L'unité de l'Arménie, ou t o u t au moins l ' u n i –
fication de l'Arménie septentrionale au profit des Ba g r a t o un i et
de l'Arménie sud-orientale au p r o f i t des A r d z r o u n i était désormais
en marche, pour le plus grand avantage du peuple arménien,
P°ur le plus grand dam des envahisseurs arabes. Malheureuse-
Hfflt la bataille du Bagrévand a v a i t eu une autre conséquence,
ce
lle de consolider l'occupation arabe à D w i n et d'assurer cette
LAURENT, p. 9 6 - 9 7 . Cf. P . S. K O G I A N ,
Die Beziehungen
der
Kamsara-
P Ht' n
A m s o r y a
'
V i e n n e
>
l 9 2 4
> n
O S
7 - 8 ,
p. 3 3 1 sqq. M U Y L D E R M A N S ,
2'
Cf. L A U R E N T , p. 3 2 2 - 3 2 6 .
Ilf ?
D A N
'
a
P - M A R Q U A R T ,
Streifziige,
p. 404, et trad.
M U Y L D E R M A N S ,
,
è-'P- 112. Cf. B R O S S E T ,
Histoire de la Géorgie,
p. 2 5 2 . D A G H B A S C H E A N ,
' " •
L A U R E N T , p. 9 7 et3 2 3 .
histoire de l'Arménie.
2 2
Fonds A.R.A.M