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L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
verrons ce D j a h a p devenir finalement seigneur de Manazkert
et y fonder une vivace dynastie d'émirs qaïsites. Nous verrons
aussi par l a suite que le prince bagratide A c h o t Msaker devait
finir par reprendre à D j a h a p la majeure partie de l'Archarouniq
et par le chasser d u Tarôn
1
.
Mais de t ou t e façon ce furent les
Mami k o n i a n q u i furent les principaux perdants de l'insurrection
des années 771-772. « Ceux d'entre eux q u i p a r v i n r e n t à se main–
tenir dans leurs forteresses comme la branche du Bagrévand qui
subsista j u s qu ' au mi l i e u d u i x
e
siècle
2
,
ne furent plus que
u e s
nakhararq secondaires, vassaux de princes plus puissants qu'eux
et incapables de reprendre en mains les destinées d u p a y s
3
».
Les A r d z r o u n i furent peut-être ceux q u i souffrirent le moins
du désastre général. Sans doute Hamazasp A r d z r o un i avait subi
à Ardjèch, le 15 a v r i l 772, une cuisante défaite, mais dix jours
plus t a r d i l n ' a v a i t pas participé à la bataille, beaucoup plus
désastreuse, du Bagrévand et aussitôt après i l n'avait pas hésité,
pour rentrer en grâce auprès des Arabes, à faire massacrer les
.
deux frères Mam i k o n i a n réfugiés au Vaspourakan. De fait, et
grâce à ce retournement quelque peu cynique, les Ardzrouni
évitèrent le sort des maisons rivales. Ils furent même largement
récompensés par la politique arabe. « Lorsque la paix f u t rétablie
en Arménie, les A r d z r o u n i , suzerains des Ama t o u n i , des ftech-
t o u n i et des Térouni, maîtres de Da r i o unq enlevé aux Bagratides,
tenant et Ma k o u en A r t a z par les Ama t o u n i , et leurs anciens
domaines dans la vallée du Grand Zab
1
et sur les rives du lac
de V a n , possédaient une principauté q u i s'étendait depuis les
frontières de la province d'Aïrarat et les bords de l'Araxe jus–
q u ' a u x rives du lac d ' Ou rmi a et à celles du Grand Zab. Sur ce
territoire, Mam i k o n i a n et Ba g r a t o un i ne pouvaient plus rien ;
les A r d z r o u n i exerçaient désormais sur le sud-est de l'Arménie
une primauté incontestée
5
. »
Quant aux maisons secondaires, comme les Kamsarakan et les
Gnouni, le désastre de 772 achevait de les diminuer. Les Kamsa–
r akan avaient eu leur heure de grandeur à la f i n d u v n
e
siècle,
quand Nersès Kams a r a k an a v a i t été nommé par les Byzantins
curopalate d'Arménie (689-691) et q u ' i l a v a i t vaincu les Arabes
dans le Va n a nd (700). A u j o u r d ' h u i , « après la saignée de Bagré-
1.
V A R D A N , ap. M A R Q U A R T ,
Slreifzuge,
p. 4 0 5 , et trad.
M U Y L D E R M A N S .
I I I , 3 , p. 1 1 1 . D A G H B A S C H E A N ,
Grùndung des Bagratidenreiches
durch Aschot
Bagratuni,
1 8 9 3 ,
p. 6 4 - 6 5 .
,
. ,
2.
Jusqu'à K o u r d i k Mam i k o n i a n , seigneur de Bagrévand, pris et décapite
par les Arabes tandis qu'il se réfugiait chez les B y z a n t i n s ( V A R D A N , p.
8 1
dans T H O P D S C H I A N ,
Politische und Kirchengeschichte
Arméniens unter Achot'
und Sembat I,
"
Westasiat. Studien, V I I I , 1 9 0 5 , p. 1 2 9 , 1 3 5 ) .
3.
L A U R E N T
,
p.
1 2 0 .
.
4.
Rappelons en effet que le fief primitif des A r d z r o u n i se trouvait a
H a d a m a k e r t ou A d a m a k e r t , dans l ' A / b a g . Cf. M I N O R S K Y .
Wân,
Encycl. <K
l ' I s l a m , p. 1178.
5.
L A U R E N T , p. 9 6 .
Fonds A.R.A.M