L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
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u
i
s
e t r o u v a i t dans le Bagrévand. Ils [étaient, précise Lévond, au
nombre de 5.000 hommmes
1
.
De Théodosiopolis, ils traversèrent
]
e
Baséan, pénétrèrent dans le Bagrévand et rencontrèrent
l'armée arabe sur les bords de l ' Ar ad z an i ou Mourad-tchaï
supérieur q u i , on le sait, prend sa source dans ce canton. On
était au 25 a v r i l 772
2
.
D i x jours seulement s'étaient écoulés
depuis la bataille d'Ardjèch. L e combat commença dès l'aube.
D'après Lévond, les Arméniens culbutèrent d'abord les rangs
des Arabes, mais ceux-ci se reformèrent et finirent par avoir
raison d'eux. Une partie de l'infanterie arménienne, composée
de paysans sans expérience mi l i t a i r e , d u t plier, mais la cheva–
lerie se fit tuer plutôt que de reculer. « Quoique le nombre de ces
vaillants ne montât pas à plus d ' un millier, ils se jetèrent au
milieu de l'armée ennemie forte de 30.000 hommes. Les ennemis
eux-mêmes m ' o n t assuré avoir v u les anciens et les prêtres por–
tant l'évangile, les cierges et l'encens et ma r c han t à leur tête en
les encourageant au combat
3
. »
Ces héros luttèrent jusqu'au
soir, mais à la fin, « accablés de fatigue et d u poids de leurs
armes ou les ayant brisées dans le combat, ils tombèrent entre
les mains de l'ennemi et furent sur-le-champ massacrés ». On
compta p a rmi les mo r t s le généralissime arménien Sembat
Bagratouni (fils d ' Acho t l'Aveugle) q u i a v a i t ainsi prouvé, la
sincérité de son patriotisme, Mouche/ Mam i k o n i a n q u i était un
des instigateurs de l'insurrection, Samuel Mam i k o n i a n et Vahan
Gnouni, d i t Dachnak ou « le Poignard ». Avec eux près de trois
mille hommes restèrent sur le champ de bataille. On ne p u t les
enterrer tous. « Ils restèrent étendus sur la plaine, en plein soleil,
couverts de poussière et exposés à la pluie et au v e n t
4
. »
Conséquences territoriales
de la bataille du Bagrévand
La bataille du Bagrévand, suivant de si près celle d'Ardjèch,
livrait sans défense aux Arabes une grande partie de l'Arménie.
La persécution porta surtout contre le clergé et contre les
églises dont les vases sacrés étaient enlevés par le vainqueur.
Un grand nombre de forteresses capitulèrent, après que leurs
défenseurs eurent obtenu la vie sauve. De plus, comme nous allons
le voir, l'événement p e rm i t à des émirs arabes de s'établir
durablement en divers points d u pays.
La bataille du Bagrévand eut également des répercussions
considérables sur l a situation respective des grandes familles
1.
L É V O N D , p. 1 4 3 .
L É V O N D ,
p.
1 4 6 .
Cf.
D A G H B A S C H E A N ,
Grùndung des
Bagratidenreiches
«
wc/i
Aschot Bagratuni,
1 8 9 3 ,
p.
5 8 ;
et
M A R Q U A R T ,
Streifzûge,
p.
3 7 .
L É V O N D ,
p.
1 4 5 .
4.
L É V O N D .
p.
1 4 6 .
Fonds A.R.A.M