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L ' A R M É N I E E T L ' H É G É M O N I E
A R A B E
prévint de l'arrivée de l'ennemi les autres nakhararq,
ceux-ci, d i t Lévond, refusèrent de le croire, persuadés
plus ou moins islamophile comme t a n t de membres dp
mais
que,
famille, i l n'agissait ainsi que pour duper les insurgés et déo
a
la garnison arabe de K a r i n
1
.
Ac h o t aurait du moins voulu
les chefs insurgés opérassent en u n p o i n t choisi la concentration
de leurs force's pour faire face à la grande armée arabe. Négli.
géant j u s qu ' au bou t ses conseils, ils continuèrent à guerroyer
isolément. Ce f u t ainsi qu ' ag i t le prince du Vaspourakan, Hama–
zasp A r d z r o un i , secondé seulement par les Ama t o u n i et par u
n
des princes Bagratides, Vasak, second fils d'Achot l'Aveugle et
seigneur du Tarôn
2
.
Hamazasp marcha contre Ardjèch, ville
située sur le l i t t o r a l nord-èst du lac de V a n et où se trouvait une
;
garnison arabe. Arrivé à B e r k r i , ville située un peu plus à l'est
dans le même canton d'Arbérani, et où se t r o u v a i t le rendez-vous
général de ses confédérés, i l s'arrêta pour les y attendre. Or un
corps d'armée arabe approchait. U n paysan en avertit Hama–
zasp, mais l'orgueilleux nakharar, refusant de le croire, l'envoya
»
au supplice et, plein de fierté, nous d i t Lévond, marcha sur
Ardjèch. Pendant ce temps, ' Amr , avec le reste des contingents
arabes restés à Kh e l a t h , sortait de cette dernière ville et venait
se poster en embuscade derrière Ardjèch. A u momen t où Hama–
zasp A r d z r o un i sans méfiance a t t a q u a i t Ardjèch, les bataillons
arabes, surgissant brusquement de leur repaire, se précipitèrent
sur l u i et le m i r e n t en fuite. A j ou t ons que beaucoup de ses sol–
dats étaient des recrues paysannes sans aucune préparation
militaire. En v i r o n quinze cents furent tués. Plusieurs, pour
échapper au massacre, se jetèrent dans le lac de Va n
3
(15
avril
772)
4
.
Les Arabes vainqueurs, surent exploiter leur succès. Après
avoir pris quelque repos, ils poursuivirent leur offensive et,
«
en emp r un t a n t la grande route q u i traverse le canton d'Apa-
houniq, ils gagnèrent le village d'Ardzéni, dans le canton de
Bagrévand, où ils campèrent. »
Or, pendant ce temps, u n détachement arménien avait con–
tinué le blocus de Karin-Théodosiopolis (Erzeroum) où régnait
une famine affreuse. Les assiégés étaient sur le point de se rendre
quand la nouvelle de la bataille d'Ardjèch les réconforta. Les
Arméniens, pour la même raison, levèrent le siège, mais ils
décidèrent bientôt d'aller présenter la bataille à l'armée arabe
1.
L É V O N D , p. 1 4 1 . Cf. L A U R E N T , p. 3 2 2 , n. 2.
2.
L É V O N D , p. 1 4 1 . Cf. L A U R E N T .
Généalogie des Bagratides,
p. 348.
3.
L É V O N D , p. 1 4 1 - 1 4 2 .
4.
L e s calculs de D U L A U R I E R
(
Chronologie
arménienne,
p. 2 4 7 ) et wj
B R O S S E T (dans son édition de Samuel d ' A n i ,
Historiens
arméniens,
I I , P-
placent cette bataille en avril, mais Brosset se trompe en situant l'événemen
vers 7 6 0 - 7 6 2 .
Fonds A.R.A.M