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L A G É O G R A P H I E D E L ' A R M É N I E E T L H I S T O I R E
T o u t d'abord les montagnes bordières q u i séparent l'Arménie,
au nord, de la Transcaucasie et principalement des pays géorgiens ;
au sud, de la plaine mésopotamienne. Strabon ( X I , 14, 2) remar–
qua i t déjà que « le p ou r t ou r de l'Arménie presque t o u t entier se
compose de terrains âpres et mon t agneux ».
Le bourrelet septentrional est f o r t élevé, entre 3.000 et
4.000
mètres. I l se décompose en trois chaînes sensiblement
parallèles q u i s'incurvent en arc de cercle concave, de l'ouest à
l'est depuis le nord d ' E r z i n d j a n jusqu'à hauteur de Tiflis, puis
depuis la région de Tiflis jusqu'à celle de Choucha.
Dans le secteui nord-ouest de cette zone, depuis B a t o um j u s –
qu'au col de Souram, le régime pon t i que , avec ses pluies abon–
dantes et la douceur de son climat, revêt les montagnes, t o u t au
moins leur revers septentrional, d'une magnifique végétation.
C'est le pays connu dans l'antiquité sous le n om de Lazique.
Cantons, du reste, découpés « en un désordre de crêtes et de
gouffres avec un impénétrable sous-bois de houx , de lauriers,
d'azalées et de rhododendrons ». Notons toutefois que le Tcho-
roktr (l'ancien Akampsis) et son affluent l'Olty-tchaï, par leurs
cluses à travers les chaînes côtières, réussissent à établir une voie
de pénétration vers l'intérieur, ainsi que nous le verrons n o t am –
ment par les campagnes de l'empereur b y z an t i n B a s i l e l l .
L e revêtement forestier des chaînes bordières q u i séparent
l'Arménie de la Gourie et de l'Iméréthie (ancienne Colchide) cesse
sur le versant méridional. A u versant nord, encore couvert de
sapinières, s'oppose le revers sud aux pentes nues, et cette
sécheresse gagne le versant nord lui-même à mesure qu'on
q u i t t e le bassin de la mer Noire pour se rapprocher de celui de l a
Caspienne. L a haute K o u r a dans l'ancien district du Ko l ave r ,
au t ou r d ' Ar d ahan ou A r t a h a n , au n o r d de Ka r s , profite encore
des pluies pontiques. Plus loin vers l'est, les montagnes se
dénudent. Cependant le f ond des vallées et spécialement les
gorges conservent même i c i leur parure forestière : c'est ainsi
que la vallée de l ' Ak s t a f a , dans l a région de L o r i , est célèbre
par ses sapinières, ses platanes et ses noyers géants.
L a chaîne bordière septentrionale c our t ainsi en arc de cercle
concave, enserrant le pays depuis E r z i n d j a n jusqu'à A r d a h a n
depuis A r d a h a n jusqu'au lac Sévan, à travers les anciennes
provinces de Taïq, de Ko l av e r , d'AZotz et de Gougarq, l'ancienne
Gogarène.
Près d u Sévan, elle se divise en deux masses q u i
encerclent le lac et entourent aussi la province du Qarabagh
(
région de Gandja et de Bardaa), « plateau bâti de nappes de
lave, don t les hautes terres présentent une végétation steppique
entre des montagnes à vocation forestière », au demeurant b r i l –
l amme n t drainé par les derniers affluents méridionaux de l a
rive droite de la Ko u r a .
Fonds A.R.A.M