H I S TO I RE DE L'ARMÉNIE
C H A P I T R E P R E M I E R
L A GÉOGRAPH I E D E L ' ARMÉN I E E T L ' H I S T O I R E
Caractères généraux de la géographie
arménienne
L'Arménie, selon la définition du géographe R. Blanchard,
est « un énorme massif d omi nan t de haut les dépressions de
Transcaucasie et de Mésopotamie », ou plutôt à la fois un massif
«
puisque sa charpente est formée de plis accolés » et un plateau
«
puisque ces plis sont noyés dans les épanchements éruptifs ».
A u bref, « une grande forteresse naturelle aux abords raides,
mais recelant, derrière ses remparts, des tables, des bassins et des
plateaux ». D'où « un contraste frappant entre les murailles de la
périphérie et les formes, relativement plus douces, du relief
intérieur » (hauteur moyenne des chaînes bordières, de 3.000 à
4.000
mètres ; d u plateau intérieur, de 1.500 à 1.800). Mais de
plus, à l'intérieur même, se manifeste une nouvelle opposition
entre, encore, « de hautes montagnes, désertes et farouches, et
des bassins fertiles, peuplés de sédentaires, bassins entre lesquels
se disperse
l'Arménie »
1
.
On ne saurait mi eux formuler les deux caractéristiques de la
géographie arménienne : l'individualité profonde de ce pays par
rapport aux autres terres de l'Asie Antérieure, et son c omp a r t i -
mentement intérieur. De ces données géographiques découleront
les deux constantes de l'histoire arménienne : d'une p a r t la
«
personnalité » puissante de la nation arménienne, personnalité
q u i l u i a permis de survivre à travers toutes les invasions, toutes
les dominations, toutes les catastrophes ; d'autre p a r t le féoda-
lisme invétéré q u i , de l'antiquité à 1064, f u t pour l'Arménie une
cause d'affaiblissement et de discordes.
La défense de la forteresse arménienne :
les montagnes bordières du Nord.
Conformément à ces données générales, le territoire arménien
se divise en un certain nombre de zones bien caractérisées.
1.
R . B L A N C H A R D ,
L'Asie
Occidentale,
t . V I I I de l a
Géographie
universelle
de V I D A L D E L A B L A C H E et G A L L O I S (1929) p. 109 et sq.
Fonds A.R.A.M