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L E S A R S A C I D E S
C H R É T I E N S
et de Her (Khoï), le prince de Malkaz, commandant de la garde
du corps du roi, et le prince de la maison des Ardzrouni, lequel
d'après Moïse de Khorèn, « avait le privilège de porter les aigle
s
devant le roi »
1
.
Comme on le voit, et quelque antidatée que puisse être une
telle liste, elle comprend, en plus des grands dignitaires de la
couronne dans ce qui sera l'Arménie médiévale, les principaux
seigneurs féodaux des marches-frontières, correspondant aux
marzbân
(
margraves) de l'Iran sassanide.
Agathange veut nous persuader que le roi Tiridate I I I , après
avoir réuni ces hauts personnages, les envoya avec Grégoire
l'Illuminateur en Cappadoce, pour faire investir ce dernier des
fonctions épiscopales par l'archevêque de Césarée, Léonce
(
Leontios). « Alors on convoqua dans la ville de Césarée un
concile composé de beaucoup d'évêques pour ordonner saint
Grégoire et lui conférer le sacerdoce et la dignité de l'épiscopat,
Les évêques réunis et le
katholikos
Léonce lui imposèrent les
mains avec le saint Évangile, afin qu'il reçût l'autorité sur la
terre et dans le ciel et les clés du royaume céleste
2
. »
Mais il est
évident qu'un tel voyage ne s'expliquerait, du moins en ce qui
concerne les féodaux arméniens et à titre de voyage officiel, que
si on le situait après la conversion de l'empereur Constantin au
christianisme ou tout au moins après l'édit de Milan (313).
En
rentrant de Césarée en Arménie, Grégoire ramena avec lui de
nombreux moines cappadociens, provenant en particulier de
la chrétienté de Sébaste (Sivas).
Agathange nous raconte ensuite comment Grégoire, une fois
de retour en Arménie, alla détruire le sanctuaire païen d'Ach-
tichat, dans le Tarôn, consacré au dieu Vahagn, à la Grande
Mère et à la déesse AstZik « qui est l'Aphrodite des Grecs »
3
.
De
son côté, Zénop de Glak nous parle d'une véritable guerre reli–
gieuse dont fut alors le théâtre le Tarôn, en particulier le district
de Kovars près de Bare/ ou Parekh, l'actuel Parkhou *. Le chef
du sacerdoce païen local nommé Artzan résista, les armes à la
main, à la prédication de Grégoire et i l fallut, pour en venir à
bout, une expédition en règle conduite par trois féodaux armé–
niens, le chef de la maison d'AnkZ (dans le Dêgiq), le chef de la
maison des Antzévatsi et le chef de la maison des Ardzrouni dont
la chronique mise sous le nom de Zénob (elle daterait en réalité
des v m
e
-
i x
e
siècles) cherche à fonder ainsi les titres historiques.
Vainqueur, Grégoire établit dans le pays des monastères auxquels
il distribua une partie des terres dépendant des anciens sanc-
1.
MOÏSE D E K H O R È N , I I , 7.
2.
A G A T H A N G E , ch. ex m ,
§ 139,
140.
3.
Ibid.,
ch. exiv, § 141, 142, cxv, § 143, 144.
4.
Cf. ADONTZ, ap. H O N I G M A N N ,
Ostgrenze des Byzantinischen
Reichcs^
p. 206, note 6.
Fonds A.R.A.M